Roland Garros 2011 : Ons Jabeur, “J’espère que la Tunisie est contente”

Par : Autres

Ons Jabeur (n°9) l’a fait ! Grâce à une victoire en deux manches (7/6, 6/1) sur la Portoricaine Monica Puig (n°5), elle est devenue, à 16 ans et 10 mois, la première Nord-Africaine à remporter un tournoi du Grand Chelem. Au palmarès des juniors, elle rejoint son compatriote Mustapha Belkhodja, sacré en 1956 à Paris. Si ce n’est le début d’une grande carrière, c’est à coup sûr une date marquante dans l’histoire du sport tunisien.

Il est 15h12 à Paris, le tableau d’affichage indique 7/6, 5-1 en faveur de Jabeur et Puig vient de sauver deux balles de match, la deuxième sur un coup droit surpuissant qui blanchit la ligne. Premier service dehors : l’occasion rêvée pour Jabeur de conclure. Luca Appino, son coach italien, très présent tout au long du match, lui souffle : “Tranquille, Ons !”. Tranquille, elle l’est assurément, sinon comment expliquer la facilité avec laquelle elle dépose ce sublime retour amorti qui l’envoie au paradis ?

Une aisance bluffante

“J’ai ça dans le sang, a-t-elle expliqué en conférence de presse, grand sourire aux lèvres. Je n’aime pas jouer comme ces Russes qui frappent dans toutes les balles. Moi, j’aime proposer quelque chose de différent. C’est vrai que c’était sympa de finir sur une amortie”. Sympa ? Bluffant, même ! Comme cette aisance qu’elle a affichée à tout moment sur le terrain, malgré les coups de canon que lui assénait Puig, qui a breaké à 2-1, puis à 3-2, et qui s’est adjugée encore cinq balles de break à 5-5, sans parvenir à les conclure.

La partie était jusqu’alors très équilibrée et c’est au jeu décisif du premier set que tout a basculé. Après avoir écarté deux balles de set à 4-6 puis une nouvelle à 6-7, notamment grâce à la qualité de son retour, la Portoricaine, finaliste du dernier Open d’Australie, a eu l’occasion de prendre l’avantage. C’est là que le relâchement de Jabeur a fait la différence. Deux aces au centre et un coup droit décroisé à contre-pied plus tard, elle avait pris un ascendant comptable et mental qu’elle n’abandonnerait plus.

“J’espère que la Tunisie est contente”

“La défaite en finale de l’an dernier m’a aidée, a confié la Tunisienne de 16 ans. Je ne voulais pas revivre ça. Mais le plus dur, ce sont les cinq mois que j’ai dû passer loin des terrains à cause d’un souci au poignet. J’avais une déchirure de la gaine et le tendon n’était pas stable. Je n’ai jamais pensé à mon retour à ce moment-là. J’ai fait des sacrifices et ça a payé. C’est génial de gagner Roland Garros. J’espère que la Tunisie est contente”. Présents sur le court lors de la cérémonie de remise des prix, le président de la Fédération tunisienne de tennis et le ministre des sports tunisien étaient assurément heureux.

S’il y en a un qui est ravi, c’est bien son entraîneur. “Elle le mérite, vraiment. On sort de six mois de galère, assortis de deux opérations (le poignet et le nez). Et ce n’est que son troisième tournoi depuis la reprise ! On se lève tous les jours à six heures du matin pour travailler”, nous a-t-il confié, un brin ému, juste avant que le public du court 2, acquis à la cause de la gagnante et saupoudré de drapeaux rouge et blanc, n’entame un vibrant hymne tunisien dans la moiteur parisienne.

Juniors filles : Ons Jabeur au paradis
dimanche 5 juin 2011
Par Jean-François Rodriguez
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