Des députés de l’Assemblée des représentants du peuple ont estimé mardi que la démission de Chafik Sarsar de ses fonctions à la tête de l’ISIE, constitue une “menace sérieuse et dangereuse” pour le processus électoral et démocratique en Tunisie.
Ils ont appelé le président de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) à révéler les véritables raisons de sa démission avec deux membres de l’instance.
Imed Daimi, député du parti Al-Irada (bloc démocrate) a qualifié de “dangereuse” la démission de Sarsar en ce moment. Pour lui, cette démission révèle qu’une grande pression a été exercée sur l’ISIE dont l’objectif serait de reporter les élections municipales et de comploter contre le processus électoral et démocratique engagé depuis 2011.
Jilani Hammami (bloc du Front populaire) a jugé, quant à lui, que Sarsar devrait expliquer les raisons de sa démission et lever toute ambigüité pour éviter les interprétations et la controverse. “Si des pressions sont exercées sur l’ISIE, il est préférable d’en dévoiler l’origine, qu’elles soient juridiques ou politiques”.
Le député d’Ennahdha, Houcine Jaziri dont le parti est membre de la coalition au pouvoir, a estimé qu’il valait mieux pour Sarsar et les deux autres membres démissionnaires de l’ISIE de revenir sur leurs démissions. Pour lui, Sarsar bénéficie de l’estime de la classe politique et n’a pas dévié de la neutralité dont a fait preuve l’instance électorale depuis sa création.
D’après, le président du groupe parlementaire de Nidaa Tounes, Sofiène Toubel, la classe politique devrait intervenir et rétablir la situation au sein de l’ISIE s’il s’avère que des conflits internes ont poussé le président et les deux membres de l’ISIE à démissionner de façon inattendue.
Il a écarté l’hypothèse qu’il y ait eu des pressions sur l’ISIE de la part des partis dont Nidaa Tounes, justifiant cela par le fait que c’est l’instance électorale qui a proposé la date des élections municipales, “proposition qui a été d’ailleurs validée par les partis”.
Abderraouf Cherif, président d’Al-Horra du mouvement Machrou Tounes s’est abstenu de tout commentaire, arguant du fait qu’il ne “dispose pas d’éléments sur la question”. Celle-ci sera discutée au niveau du groupe parlementaire et du parti pour communiquer une position finale.
Des représentants de partis politiques ont de leur côté mis en garde contre les conséquences de cette démission sur le processus de transition.
Yousra Milli, membre du bureau politique de l’Union patriotique libre (UPL) a demandé à Chafik Sarsar d’expliquer la vraie raison de sa démission, appelant les partis à privilégier l’intérêt du pays au regard de l’importance des prochaines échéances.
Le dirigeant d’Ettakatol, khalil Zaouia a qualifié la démission de Sarsar de “catastrophique”. Pour lui, elle est la preuve d’une “confusion dans l’appareil de l’Etat” et est de “nature à entraver le processus de transition et à semer le doute sur la deuxième République”.