“La balance commerciale de la Tunisie pourrait connaître une amélioration notable lors du reste de l’année en cours et probablement au cours de l’année prochaine”, a estimé la Banque Centrale de la Tunisie (BCT).
Selon un document publié, récemment, par la BCT, cette amélioration sera confortée par “la baisse des prix internationaux du pétrole brut (moins de 90 dollars/baril lors des 2 derniers mois contre plus de 110 $/baril auparavant), l’entrée en production de certains champs pétroliers découverts en 2013, et éventuellement la reprise de l’octroi des permis d’exploration des hydrocarbures”.
L’estimation de la BCT est aussi basée sur “une bonne saison attendue d’olive à huile (285 mille tonnes) qui s’ajoute à une bonne saison céréalière (23,4 millions de quintaux)”, ce qui permettra d’améliorer le niveau du solde de la balance commerciale.
“L’entrée en vigueur des décisions gouvernementales relatives à la maîtrise du déficit commercial, à savoir la maîtrise des importations, l’encouragement des exportations et de la consommation des produits ayant un similaire fabrique localement (PASF), favorisera, aussi, l’allègement du déficit commercial”, prévoit encore la BCT.
Dans le même cadre, elle a estimé que la confirmation de la reprise de la production du phosphate dans le bassin minier, en lien avec la résolution attendue du reste des conflits sociaux et l’accélération prévue de la croissance dans la zone euro en 2015, répercuteront positivement l’accroissement de la demande aux produits industriels tunisiens, d’où la réduction du déficit commercial.
Toutefois, l’Institut d’émissions a souligné que “la réalisation de certains de ces objectifs reste tributaire de l’amélioration du climat sécuritaire, social et politique”.
“L’arrivé à un accord pour instaurer un climat de confiance entre les différents protagonistes politiques serait un garant pour atteindre les objectifs visés et assurer également la reprise des investissements et du secteur touristique”, lit-on dans le document de la BCT.
La Chine premier fournisseur de la Tunisie après l’UE
En ce qui concerne la répartition géographique des importations totales lors du 3ème trimestre 2014, le document de la BCT révèle l’émergence de la Chine comme 1er fournisseur de la Tunisie après l’Union européenne (UE) et fait état d’une consolidation de la part des importations venant de l’Asie en général.
Les pays de l’UMA (Union du Maghreb Arabe) préservent, selon l’analyse de la BCT, leur place comme principaux fournisseurs de la Tunisie en hydrocarbures (gaz naturel auprès de l’Algérie et pétrole brut de la Libye, après une brève interruption en 2011) .
Quant aux produits miniers, matières premières et certains produits alimentaires de base, les principaux fournisseurs de la Tunisie sont la Russie et la Turquie.
Dans son analyse de l’évolution trimestrielle des échanges commerciaux selon les régimes, la BCT évoque une part des exportations sous le régime off-shore “largement supérieure” ,soit 65% à celle des ventes sous le régime général (35%).
En effet, les sociétés off-shore (généralement des entreprises spécialisées dans le textile et des industries mécaniques), dont au moins 66% du capital est financé par un apport en devises et qui bénéficient de certains avantages, notamment, fiscaux, ne sont pas tenues de rapatrier les recettes de leurs exportations, donc celles-ci sont majoritairement effectuées sans paiement.
La BCT confirme que plus de 90% des échanges commerciaux sous le régime off-shore sont facturés en euro et sont effectués avec l’UE. Pour cela, l’effet change (euro-dinar) a été bénéfique pour les exportations. Il s’est élevé à 651,7% MDT au cours des 9 premiers mois de 2014. Mais, l’effet change n’a pas eu d’impact notable sur les avoirs en devises.
Un niveau “très élevé” du déficit commercial pour les échanges sous le régime général
Le document fait état d’un niveau “très élevé” de déficit commercial pour les échanges sous le régime général estimé à 15,5 milliards de dinars au terme des 9 premiers mois de 2014.
Les importations, majoritairement composées des produits semi-finis destinés à la transformation et à la réexportation, elles ont connu un effet volume faible (60 MDT) traduisant le ralentissement de l’activité sous ce régime depuis 2012.
Les échanges sous le régime général, en vertu duquel les sociétés sont tenues de rapatrier les recettes de leurs exportations, ont un impact direct sur le niveau des avoirs en devises, rappelle la BCT.
L’effet change sur les exportations
La BCT a évoqué un effet change positif sur les exportations sous le régime général, de l’ordre de 212,4 MDT lors des 9 premiers mois de 2014 et un effet favorable des prix dans l’évolution de ces exportations, estimé à 48,4 MDT pour durant cette période. Cet effet a, par contre, amplifié les importations de 786 MDT (9 premiers mois de 2014).
Quant à la structure des exportations par devises, le document indique que la facturation se fait, essentiellement, en dollar US, et ce, en relation avec l’importance des ventes des secteurs des phosphates et des hydrocarbures (représentant ensemble plus de 50% des ventes sous le RG) qui sont facturées quasi-exclusivement en USD. Les ventes en euros concernent surtout les produits agricoles (huiles d’olive, dattes) et les industries manufacturières.
Pour les autres monnaies, le Dinar Tunisien (DNT) est surtout la monnaie de facturation des exportations vers la Libye, des produits alimentaires et des produits du secteur des autres industries manufacturières.
A l’instar des exportations, le USD est dominant (plus de 50% des achats). Il figure notamment au niveau des importations des hydrocarbures et des produits alimentaires de base (céréales, café, thé…).
L’euro est la monnaie de facturation de plus de 40% des achats. Il concerne surtout les importations des appareils électriques et mécaniques, destinés soit à la consommation (électroménager, voitures de tourisme,…), soit à la transformation (fils et câbles électriques) ou à l’investissement (matériel de transport routier, aérien et ferroviaire…).