Tunisie : Le faible taux d’inscription reflète la réticence des citoyens à participer aux prochaines élections

Plus de deux semaines après le démarrage de l’inscription des électeurs, l’affluence reste timide, avec seulement 108 mille inscrits sur les listes d’électeurs à ce jour. Un faible niveau d’inscription qui reflète la réticence des citoyens à participer aux prochaines échéances électorales, a regretté Nabil Baffoun, membre de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).

« Pour voter, il faudrait d’abord s’inscrire sur une liste électorale » a-t-il dit dans une déclaration à l’agence TAP. La désaffection ne concerne pas uniquement les plus âgés. Elle touche aussi les jeunes et, plus spécifiquement, les moins qualifiés parmi eux.

 Besoin d’une évaluation globale de l’opération

De nombreux facteurs expliqueraient le désintérêt des Tunisiens. La campagne de sensibilisation à l’inscription aurait pu et dû être mieux préparée, admet Baffoun. Il estime que la motivation à voter est fonction à la fois du niveau d’instruction et donc d’une plus ou moins grande faculté de discenement des électeurs, mais aussi de la catégorie sociale en général, l’un et l’autre facteurs devant être pris en considération pour la compréhension du phénomène. En effet, selon des études menées à l’étranger, le taux d’inscription des non qualifiés est toujours inférieur à celui des diplômés du supérieur.

Les facteurs qui entravent l’inscription des électeurs ne peuvent être identifiés qu’à travers la réalisation d’une évaluation de l’opération dans son ensemble. « Si les Tunisiens persistent dans leur indifférence, l’ISIE va devoir identifier des solutions alternatives pour accroître les taux d’inscription », a assuré Baffoun. Pour sa part, le coordinateur général de l’organisation 23_10 d’appui au processus démocratique Sami Ben Slama a qualifié de «catastrophique» la campagne de sensibilisation à l’inscription préparée par l’ISIE.
La société civile très critique

«L’ISIE a failli à sa mission», tance Ben Slama qui estime que plusieurs directeurs de sections régionales de l’instance électorale auraient des appartenances partisanes. Il a critiqué le choix de l’inscription par SMS et le risque de voir plusieurs voix manipulées à travers cette technique. Ben Slama a déploré aussi l’abandon des bureaux mobiles d’inscription dans les quartiers et les zones rurales.

Il a accusé l’ISIE de vouloir, intentionnellement, entraver l’opération d’inscription qui devrait cibler près de 5 millions d’électeurs au service d’un parti politique. Au cours de la semaine dernière, le président de l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (ATIDE), Moez Bouraoui, avait lui aussi critiqué le déroulement de l’opération d’inscription, au niveau de la campagne de sensibilisation et de l’encadrement des agents.

Il a déploré la limitation des inscriptions à l’horaire administratif, l’absence de bureaux régionaux de l’ISIE dans certaines localités, le lancement de la campagne de sensibilisation cinq jours après le démarrage des inscriptions et le manque de neutralité de certains agents d’enregistrement. En revanche, l’instance électorale, a rejeté les accusations de sabotage lancées à son encontre par certains partis politiques et composantes de la société civile.

« Seuls les bureaux logés dans les municipalités et la poste sont soumis aux horaires administratifs», a-t-elle tenu à préciser. Et d’ajouter que dans les centres commerciaux, ces structures sont ouvertes à longueur de journée, sans compter les bureaux itinérants ouverts le soir durant le mois de Ramadan. L’opération d’inscription des électeurs cible plus de 4 millions d’électeurs non-inscrits lors des élections du 23 octobre 2011. Elle se poursuit au 22 juillet 2014.

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