“Les élections de 2011 ont provoqué une déchirure idéologique désormais handicapante pour le processus de transition démocratique, surtout dans un contexte de crise sécuritaire qui a ajouté à la complexité du paysage politique en Tunisie”, estime l’Association tunisienne de la gouvernance (ATG).
Cas de figure imposé aux islamistes et aux laïques, “la bipolarisation a servi de viatique à la politique d’improvisation suivie par les gouvernements en matière d’administration des affaires publiques et des rouages de l’Etat, notamment au vu du déficit d’expérience des responsables politiques et de leur incapacité à proposer des solutions efficientes pour surmonter la crise”, a indiqué une des dirigeantes de cette association, Mouna Kraiem.
Cette dernière s’exprimait, vendredi, à Tunis, lors d’une conférence de presse consacrée à la présentation du rapport annuel de l’ATG. Les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir durant la période de transition, “ont échoué à instaurer une culture de bonne gouvernance, ce qui a fait que les principes de primauté du droit, de participation et de transparence ne dépassent jamais le stade des voeux pieux”.
Dans ce même rapport, l’association livre sa propre vision de la légitimité électorale. L’élection d’une assemblée constituante, estime-t-elle, a conduit à la constitution d’une majorité et d’une minorité comme dans un parlement ordinaire, ce qui est “incompatible avec la spécificité de l’étape de transition qui commande le plus large consensus possible autour du texte de la Constitution”.
L’association relève, également, dans le projet de texte de la Constitution plusieurs points équivoques, à l’instar du caractère civil ou théocratique de l’Etat, la répartition déséquilibrée des compétences au sein du pouvoir exécutif, l’absence de mécanismes efficaces de contrôle et de régulation entre les pouvoirs ou encore la controverse en cours sur la liberté de pensée et d’expression.
Elle a, en outre, relevé que le décret-loi 14 du 23 mars 2011 fut l’acte fondateur de la première période de transition avec la mise en place d’une organisation provisoire des pouvoirs publics et le passage à une nouvelle légitimité consensuelle, reconnaissant à l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique le mérité d’avoir jeté les fondements institutionnels du processus démocratique.
Après avoir pointé du doigt la violence pratiquée par des groupes désireux d’imposer à la société tunisienne un mode de vie qui lui est totalement étranger, l’association évoque la “grande crise politique” illustrée par les fréquents mouvements populaires pour réclamer le départ du gouvernement, la dissolution de l’ANC et le lancement du dialogue national. Elle y voit une des conséquences visibles de l’abandon du principe de démocratie participative et de l’absence de transparence, notamment en ce qui concerne le dossier des nominations, selon les termes du rapport.