La nébuleuse islamiste en Tunisie, nous dit-on, permet le redéploiement. Entretient l’ambiguïté. Renforce le lobbying. Assure la permanence d’un jeu de dupes. Recycle les discours. Admet le flingage avec le sourire. Dans ce contexte, peut-on taxer Hizb Ettahrir El Islami (Parti de Libération Islamique) de simple courroie de transmission du mouvement Ennahdha? Qui sont ses hommes? Ses méthodes de recrutement? Son Influence? Son historique militant? Est-il la face cachée du salafisme, comme le proclament certains observateurs de la scène politique locale?
Contrairement aux salafistes, éclatés dans l’aire arabo-musulmane, en plusieurs chapelles djihadistes et quiétistes, dont l’allégeance wahhabite est incontestée, Hizb Ettahrir El Islami en Tunisie, une formation politique de type pyramidal, disciplinée et dévouée à la ligne de la direction, fait partie d’une internationale islamiste, dont la défection vis-à-vis de l’Organisation des frères musulmans date de 1953. Il s’agit donc d’une scission. Politique. Organisationnelle. Au cœur d’un Moyen-Orient dans l’œil du cyclone. Humilié, fragilisé, déstabilisé, en raison de l’irruption brutale de l’Etat Hébreu.
Cheik Mohammed Takieddine Nabhani, Daoud Hamdane, Mounir Chquir, Ghanem Abdou et Adel Naboulsi, hostiles aux ulémas salafistes de la presqu’île arabique, soupçonnés de connivence avec les pouvoirs conservateurs sur place, sont les principaux initiateurs du Hizb, qui a tout d’abord prospéré, dans les années cinquante, en Jordanie et en Palestine. Pour jeter par la suite son dévolu même en Europe et en Asie. Parmi la communauté des croyants. Le retour au Califat est son principal crédo. Il renie les préceptes occidentaux, liés à l’organisation de la vie politique. Rejette la démocratie. Combat l’aliénation. Répudie la République. Appelle au retour de la consultation (Echoura) parmi les musulmans.