Comment appréhender le bilan bourguibien
Le solde du bilan de Bourguiba ne peut se comprendre que par un jugement objectif. Bourguiba était irrité par la critique mais ne brimait pas la liberté de pensée. L’émancipation de la femme a transformé la société tunisienne en la désaliénant de ses anachronismes libérant ses énergies. Dans son film « Talathoun » (Les années 30’) Fadhel Jaziri montre un Bourguiba qui relaie en politique, les thése modernistes de penseurs tunisiens, de sciences humaines. Ses sources sont donc nationales et son projet, par conséquent, n’est ni importé ni téléguidé de l’extérieur, mais d’essence strictement tunisienne.
L’unité nationale a couronné l’œuvre de Bourguiba. Sous son règne et peut-être pour la première fois dans l’histoire de notre pays, est apparu un « démos » tunisien. Les choix politiques de Bourguiba ont été critiqués par certains pays arabes. Ultérieurement ils ont fini par saluer leur pertinence. Bourguiba ne nous a pas mis au ban de la société arabe ni de la société musulmane. Deux Tunisiens, Pr chedly Klibi et Habib Chatty, ont présidé, respectivement l’Organisation de l’unité arabe et l’Organisation de la communauté islamique.
Et tout en se lançant dans la compétition à l’échelle du monde Bourguiba ne dirigeait son action contre aucun groupement de pays. Son objectif était que la Tunisie rejoigne le cortège des nations développées, ce qui est la façon la plus noble de lustrer le message de l’Islam et des Arabes. En somme il était porteur d’un projet civilisationnel. Et ce qui est encore plus surprenant c’est que son projet vicié par tant d’écarts autoritaires, dont la présidence à vie a débouché sur des acquis que l’on n’obtient que dans des systèmes démocratiques. Et c’est ce qui fait la force du projet bourguibien
– A l’actif de Bourguiba, sa méthodologie et la nature de son projet
– Au passif de Bourguiba, l’impasse démocratique et la répression