L’article met en lumière une réflexion profonde sur la place du journalisme en Tunisie contemporaine, dans un contexte où le cadre constitutionnel et politique redéfinit le rôle des institutions. Selon l’auteur, la profession n’est plus perçue comme un contre-pouvoir ou une « quatrième autorité », mais comme une simple fonction subordonnée aux orientations fixées par le président de la République, seul détenteur du pouvoir de définir les politiques publiques depuis le tournant du 25 juillet 2021. Les journalistes, réunis récemment à la Kasbah pour défendre leurs droits et dénoncer les restrictions accrues — notamment le maintien du décret 54 et le blocage des cartes professionnelles — se heurtent à une architecture institutionnelle qui ne reconnaît ni aux médias ni même aux autres institutions classiques (parlement, justice) un statut d’autorité indépendante. Dans ce paysage où les notions de séparation des pouvoirs se sont effacées au profit d’une centralisation autour du chef de l’État, l’information publique est appelée à s’aligner sur ce que le président nomme « la guerre de libération nationale », transformant le rôle des médias en relais d’un discours officiel plutôt qu’en acteurs critiques du débat démocratique. À travers cette analyse, l’auteur met en garde contre un futur où le secteur médiatique pourrait être davantage intégré aux structures étatiques, au risque d’étouffer toute pluralité éditoriale et de réduire encore l’espace des libertés.




