Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a accusé, samedi, le pouvoir exécutif de mener « une politique de silence, de déni et de désengagement », après avoir « ignoré » toutes les démarches de dialogue et de concertation engagées par la structure professionnelle concernant la situation du secteur médiatique.
Dans un communiqué, le syndicat a expliqué avoir adressé au gouvernement des correspondances, des dossiers techniques et des propositions détaillées sur les problématiques en suspens, sans obtenir de réponse, estimant que cette attitude traduit « un mépris pour les droits des journalistes et une volonté de maintenir le secteur dans un état de fragilité ».
Le SNJT a annoncé qu’il organisera une mobilisation nationale le 20 novembre 2025 sur la place du Gouvernement à la Kasbah, ainsi que des actions parallèles dans les régions, pour dénoncer « la régression inquiétante » que connaît la presse tunisienne.
Il a affirmé que les dossiers soulevés touchent directement à la liberté d’exercice, à l’indépendance des médias et aux droits professionnels et matériels des journalistes.
Selon le syndicat, le secteur vit « une détérioration sans précédent », marquée par une série de violations visant les institutions publiques et privées, parmi lesquelles la privation de plus de 2 000 journalistes de la carte professionnelle pour l’année 2025, en raison du blocage dans la constitution de la commission indépendante d’octroi et du défaut de prolongation officielle de la carte 2024 par les services de la présidence du gouvernement.
Cette situation, ajoute le communiqué, a entravé la mobilité des journalistes et favorisé des restrictions arbitraires, notamment le refus depuis septembre 2025 d’octroyer des autorisations de travail aux correspondants de médias internationaux, « sans aucune justification légale ».
Le SNJT a également dénoncé le gel des révisions du statut professionnel au sein de la Radio tunisienne, de la Télévision tunisienne et de l’Agence Tunis Afrique Presse, alors que les délais d’application sont échus depuis janvier 2024.
Ce blocage prive des centaines d’employés de leurs droits et met en danger l’indépendance des médias publics.
Par ailleurs, le syndicat a critiqué les lenteurs administratives entravant l’application des avantages sociaux accordés aux journalistes à travers le régime de l’auto-entrepreneur prévu par la loi de finances 2025, soulignant que l’impossibilité de déposer les déclarations fiscales en ligne risque d’annuler ces acquis.
Il a enfin dénoncé les poursuites judiciaires en vertu du décret-loi 54, qu’il considère comme un outil de « censure », ainsi que le blocage des sites « Nawaat » et « Inkyfada », et les pressions visant « Al-Kattiba » et « La Cour des comptes », affirmant que ces pratiques portent atteinte à la liberté de la presse et au droit à l’information.




