Radhia Jerbi dénonce les divorces pour préjudice visant des femmes atteintes de cancer

La présidente de l’Union nationale des femmes tunisiennes (UNFT), Radhia Jerbi, a dénoncé une “mentalité machiste” face au dépôt de demandes de divorce pour préjudice par des maris contre leurs épouses atteintes d’un cancer, un phénomène qui concerne 12% des femmes malades en Tunisie en 2024.

Intervenant sur les aspects juridiques, Jerbi a précisé à l’agence TAP que le divorce pour préjudice lié au cancer, considéré comme une affection grave, relève de l’appréciation du juge. Elle a toutefois estimé que le tribunal devrait se diriger vers une annulation du contrat de mariage plutôt que vers un divorce pour préjudice, même en cas de maladie grave.

Elle a souligné un revirement de la Cour de cassation qui considère désormais que le cancer, s’il était ignoré par l’épouse avant le mariage, ne peut constituer un préjudice justifiant le divorce. Le conjoint est tenu d’assister son épouse malade, conformément aux devoirs conjugaux prévus par l’article 23 du Code du statut personnel.

La Cour estime également que le cancer, maladie pouvant toucher tout être humain, ne saurait être en soi un motif légal de divorce. Jerbi a ajouté qu’en l’absence de condamnation pour violences, un divorce pour préjudice ne saurait être prononcé dans ces circonstances.

La présidente de l’UNFT a aussi pointé du doigt le recours au divorce à l’amiable, où l’épouse, sous pression et minée par la perte d’estime de soi due aux traitements (ablation des seins, chute des cheveux), accepte parfois le divorce, intériorisant à tort une faute.

Elle a affirmé que les femmes atteintes de cancer subissent des crises psychologiques multiples, aggravées par la maladie et l’abandon de conjoints qui “fuient leurs responsabilités” au lieu de les soutenir.

Lors d’une table ronde sur “Les répercussions du cancer sur les relations conjugales”, la spécialiste sociale du centre d’écoute de l’UNFT, Lahmar a rapporté des témoignages de femmes dont les maris refusaient l’idée d’une mastectomie, rejetaient la maladie, quittaient le domicile, et exerçaient des pressions pour un divorce à l’amiable ou intentaient des procès arguant de l’incapacité de l’épouse à assumer ses devoirs conjugaux.