L’attractivité d’un pays pour les investissements étrangers repose en grande partie sur son climat de risque : stabilité politique, transparence institutionnelle, cadre réglementaire et résilience économique. Selon le récent classement « Global Investment Risk and Resilience Index » publié par le cabinet britannique Henley & Partners en collaboration avec la plateforme d’analyse prédictive AlphaGeo, la Tunisie se classe à la 166ᵉ place mondiale parmi les pays les moins risqués pour les investisseurs. Ce classement, qui évalue 226 pays, repose sur treize indicateurs liés à la stabilité macroéconomique, à la gouvernance, à la capacité d’innovation et à la résilience face aux crises.
La position de la Tunisie dans ce classement illustre les difficultés persistantes de son environnement économique et institutionnel. Malgré un tissu économique relativement diversifié et des secteurs émergents à forte valeur ajoutée comme l’aéronautique ou les équipements médicaux, le pays souffre encore d’une instabilité politique chronique, d’une bureaucratie lourde et d’un cadre réglementaire souvent perçu comme peu transparent. Le rapport de la COFACE sur le risque pays attribue à la Tunisie une note « C », correspondant à un risque élevé.
Par ailleurs, les finances publiques demeurent fragiles, le chômage des jeunes reste préoccupant et la dette publique pèse lourdement sur la marge de manœuvre budgétaire de l’État. Selon l’indice de liberté économique 2025 de The Heritage Foundation, la Tunisie occupe la 149ᵉ place sur 184 pays, ce qui la place parmi les économies dites « réprimées ». Ces éléments traduisent un manque de confiance de la part des investisseurs étrangers, qui hésitent à s’engager durablement sans garanties claires sur la stabilité du cadre économique et juridique.
Cependant, tout n’est pas sombre. La Tunisie conserve une certaine résilience économique et reste mieux positionnée que d’autres pays de la région sur le plan de la lutte contre le blanchiment d’argent et du financement du terrorisme. Son économie demeure ouverte sur l’Europe et dispose d’un savoir-faire industriel reconnu. Ces atouts constituent un socle sur lequel le pays peut bâtir pour améliorer sa perception auprès des investisseurs.
Un classement aussi bas doit néanmoins être perçu comme un signal d’alerte. Il rappelle que les risques structurels sont encore importants et que les investisseurs doivent faire preuve de prudence. Les projets en Tunisie exigent une évaluation rigoureuse des risques politiques, financiers et administratifs, ainsi qu’une stratégie de mitigation adaptée. Cela peut inclure la recherche de partenaires locaux solides, la souscription d’assurances contre les risques d’investissement ou encore une approche progressive fondée sur des projets pilotes.
Pour améliorer son attractivité, la Tunisie devra s’atteler à renforcer la bonne gouvernance, à simplifier ses procédures administratives, à garantir la sécurité juridique des entreprises et à promouvoir un climat d’affaires plus compétitif. Les réformes structurelles nécessaires pour restaurer la confiance des investisseurs devraient également s’accompagner d’une plus grande stabilité politique et d’une politique économique claire et cohérente.
En définitive, la 166ᵉ place de la Tunisie dans ce classement souligne les défis qui freinent encore son développement économique, mais aussi les marges de progression dont elle dispose. Le pays possède les compétences et les ressources humaines nécessaires pour redevenir une destination attractive, à condition de s’engager résolument sur la voie de la réforme et de la transparence.




