Des parents et familles de Tunisiens portés disparus lors d’opérations de migration irrégulière vers l’Italie se sont rassemblés ce mardi devant l’ambassade d’Italie à Tunis, brandissant les photos de leurs proches et des slogans exigeant la vérité sur leur sort.
Venu du gouvernorat de Sousse accompagné de sa mère âgée et de sa sœur, Alaya Ragoubi a perdu tout contact avec son fils, Oussama, depuis le 9 juillet 2021.
« Depuis ce dernier appel lorsqu’il était au centre de rétention pour migrants à Naples, je suis sans nouvelles de lui », a-t-elle déclaré signalant que les amis de son fils, qui avaient migré avec lui, ont été libérés, tandis que son fils demeure introuvable, malgré la remise de toutes les informations concernant son identité au ministère des affaires étrangères tunisien et à l’ambassadeur d’Italie, depuis un an.
De son côté, le président de l’association “La Terre pour Tous”, Imed Soltani, a appelé l’État tunisien à assumer ses responsabilités et à exercer des pressions sur la partie italienne pour connaitre le sort de dizaines de migrants tunisiens disparus.
Il a rappelé que “la commission d’enquête créée en 2015 par les autorités tunisiennes n’a reçu aucune réponse officielle de l’Italie”, s’interrogeant sur le silence des autorités tunisiennes face à la souffrance de ces familles et sur l’absence de volonté réelle de découvrir la vérité.
Pour sa part, Naïma Salem, venue du gouvernorat de Monastir, a perdu les traces de son fils, Habib, depuis trois ans.
Elle a indiqué que des proches vivant en Italie ont tenté de l’aider à connaître son sort et ont rencontré une citoyenne italienne qui a reconnu sa photo dans un centre offrant une aide sociale aux migrants.
Elle ajoute avoir remis au ministère des affaires étrangères, il y a un an, un enregistrement vocal de cette Italienne, dans l’espoir d’obtenir de l’aide, sans recevoir de réponse.
Elle affirme ne vouloir qu’une chose : connaître la vérité, “qu’il soit vivant ou mort”.
Rahma Ben Turkia, une femme quinquagénaire de Cité Hlal à Tunis, a, quant à elle, perdu son fils unique, tué en Italie il y a plus de dix ans.
Elle a appris sa mort par un voisin vivant là-bas, après que la presse italienne ait publié sa photo.
Elle confie à la TAP qu’elle a reçu son corps dans un cercueil en 2023 et continue d’écrire aux autorités pour obtenir justice. Elle a tenté d’obtenir un visa pour se rendre en Italie et suivre l’affaire sur le plan judiciaire, mais sa demande a été refusée.




