La décision de la municipalité de Ezzahra, relevant du gouvernorat de Ben Arous, d’organiser une campagne de tir visant les chiens errants à partir du 29 août 2025 et pour une durée d’un mois, a suscité une vive polémique en Tunisie. Dans un communiqué officiel, la municipalité a justifié cette mesure par la multiplication des plaintes des habitants et par la crainte grandissante liée à la présence des meutes de chiens dans les quartiers, notamment autour des écoles et des espaces publics. Selon les autorités locales, il s’agirait avant tout d’une mesure de sécurité destinée à protéger les citoyens, et en particulier les enfants, contre les risques de morsures et de propagation de maladies.
Cependant, cette annonce a immédiatement provoqué une vague d’indignation dans la société civile et parmi les défenseurs des droits des animaux. L’Association « Ezzahra Pet’s Lovers » a réagi par un communiqué de dénonciation ferme, qualifiant cette décision d’inhumaine, inefficace et contraire aux engagements internationaux de la Tunisie en matière de protection animale. L’organisation a rappelé que l’élimination des chiens par le tir n’apporte aucune solution durable, car elle perturbe l’équilibre naturel et favorise une reproduction encore plus rapide des meutes. Elle a également mis en garde contre l’impact psychologique que peuvent avoir de telles scènes violentes sur les familles et les enfants, estimant que cette approche ne fait que banaliser la culture de la violence.
Cette controverse intervient quelques jours seulement après un fait divers qui a choqué l’opinion publique : un homme a été condamné à trois mois de prison ferme pour avoir tué un chien à coups de barre de fer dans un acte jugé barbare. Pour de nombreux observateurs, cette affaire met en évidence une incohérence flagrante dans la politique de l’État : d’un côté, la justice sanctionne sévèrement un citoyen pour avoir abattu un animal de manière violente, et de l’autre, une municipalité met en place une campagne officielle de tir à balles réelles contre des chiens errants, au nom de la sécurité publique.
Face à cette situation, les associations de protection animale insistent sur l’urgence d’adopter des solutions alternatives et humaines. Elles proposent la création de centres municipaux et régionaux dédiés à la vaccination, la stérilisation et l’hébergement des chiens, la promulgation d’une loi nationale interdisant le recours au tir et réprimant toute forme de maltraitance animale, ainsi que le lancement de campagnes de sensibilisation citoyenne pour promouvoir l’adoption et le vivre-ensemble avec les animaux. Elles appellent également les ministères concernés à intervenir en urgence afin de suspendre cette campagne et à privilégier des politiques basées sur la prévention et la compassion.
Ce bras de fer entre la municipalité et les associations illustre une controverse récurrente en Tunisie, où la question des chiens errants reste un véritable défi de santé publique et de coexistence sociale. Entre impératif sécuritaire et exigence éthique, le débat est relancé avec force, révélant la nécessité urgente de mettre en place une stratégie nationale claire et durable pour traiter ce dossier sensible.




