Envoyer de la nourriture par la mer à Gaza : un geste naïf qui révèle une impuissance humiliante

Une initiative pour le moins insolite a récemment vu le jour sur les côtes tunisiennes : des citoyens ont lancé à la mer des bouteilles remplies de riz, de céréales et d’autres vivres, dans l’espoir qu’elles atteignent les plages de Gaza en contournant le blocus par les courants de la Méditerranée. Si cette démarche témoigne d’une solidarité sincère et d’un profond attachement à la cause palestinienne, elle soulève aussi de vives interrogations sur la pertinence et l’efficacité de telles actions.

 

Ce geste, aussi émouvant soit-il, met en lumière une impuissance désarmante face à l’une des plus grandes tragédies humanitaires de notre époque. Comment imaginer qu’une bouteille en plastique, portée au gré des vagues, puisse répondre à l’urgence d’un peuple assiégé, affamé, bombardé ? Cette scène presque surréaliste révèle une forme de résignation collective, où l’émotion prend le pas sur la raison, et où le symbole semble parfois remplacer l’action concrète.

 

Pour de nombreux observateurs, cette initiative, bien que porteuse de bonnes intentions, frôle l’absurde et le dérisoire. Elle reflète non seulement l’incapacité à agir efficacement, mais aussi un affaiblissement inquiétant de notre sens de la responsabilité face à l’injustice. Gaza, aujourd’hui, n’a pas besoin de gestes flottants, ni de messages lancés à la mer comme des bouteilles à la dérive. Elle a besoin d’une mobilisation réelle : de décisions politiques courageuses, d’une pression internationale forte, d’actions coordonnées sur les plans économique, diplomatique et médiatique.

 

Face à la gravité de la situation, il ne s’agit plus de compatir à distance, mais d’agir avec lucidité et fermeté. La solidarité ne doit pas se perdre dans le courant des symboles ; elle doit s’incarner dans des actes concrets, capables de changer le cours des choses.