Climat : pourquoi les inondations se multiplient dans le bassin méditerranéen

Le bassin méditerranéen fait face à une intensification notable des inondations ces dix dernières années. De 2014 à 2024, on estime entre 300 et 500 épisodes d’inondations urbaines ou fluviales dans les pays riverains, notamment en France, en Italie, en Espagne, en Grèce, en Turquie, en Tunisie, en Algérie et au Maroc. En moyenne, entre 30 et 50 inondations majeures sont désormais enregistrées chaque année dans cette région.

 

Plusieurs années se sont distinguées par une fréquence et une intensité particulièrement élevées : 2020, 2022 et 2023 ont été marquées par des catastrophes à répétition dans des zones comme le sud de la France, le nord de l’Italie, le Maghreb et les Balkans. Ces épisodes extrêmes sont la conséquence directe de bouleversements climatiques de plus en plus visibles.

 

La Méditerranée se réchauffe rapidement. La température de ses eaux de surface a fortement augmenté, favorisant une évaporation massive qui engendre des pluies plus intenses sur de courtes périodes. Ce phénomène amplifie les risques d’inondations soudaines, souvent meurtrières. À cela s’ajoutent les “medicanes”, ces tempêtes hybrides entre cyclone tropical et dépression méditerranéenne, qui se multiplient et gagnent en puissance.

 

L’expansion urbaine désordonnée et le vieillissement des infrastructures de drainage accentuent encore la vulnérabilité de nombreuses villes côtières. Le manque de planification dans certaines zones rend les inondations plus destructrices.

 

Parmi les événements les plus marquants de la dernière décennie : les inondations meurtrières à Nabeul (Tunisie) en 2018, la crue dévastatrice du fleuve Roya à Nice (France) en 2020, les glissements de terrain à Alger en 2021, la catastrophe de Derna (Libye) en 2022 avec plus de 10 000 morts, ou encore les débordements de plus de 20 rivières en Émilie-Romagne (Italie) en 2023.

 

Toutes les fortes pluies ne sont pas classées comme inondations. Pour être qualifié comme tel dans les rapports climatiques, l’événement doit entraîner des dégâts humains ou matériels, des routes ou des habitations submergées, ou nécessiter l’évacuation de populations.

 

Au-delà du risque immédiat, le réchauffement de la Méditerranée menace également les écosystèmes marins. Il perturbe les cycles de pêche, favorise l’apparition d’espèces invasives comme la dangereuse “poisson-lapin” et provoque la prolifération de certaines algues toxiques.

 

Face à cette réalité, l’enjeu est double : alerter l’opinion publique et accélérer les efforts d’adaptation. La sensibilisation, la planification urbaine durable, l’amélioration des systèmes de prévention et d’alerte, ainsi qu’un engagement fort pour la protection de l’environnement sont devenus indispensables pour limiter les impacts à venir.