Depuis peu, une étrange épidémie de mots absurdes et de personnages délirants agite les enfants du monde entier : « Tralalero tralala ! Ballerina Cappuccina ! Bombardino Crocodilo ! » entend-on partout, aussi bien dans les cours de récréation que dans les salons familiaux.
Ce phénomène, qui semble tout droit sorti d’un rêve étrange, trouve ses origines sur TikTok sous le nom de brainrot italien. Il s’agit d’une tendance virale mêlant humour surréaliste, animations générées par intelligence artificielle et un univers visuel complètement déjanté, peuplé de créatures aux noms inventés et aux allures improbables. La plus emblématique, Ballerina Cappuccina, est une danseuse en tutu rose avec une tasse de cappuccino fumant à la place de la tête, tournoyant sur elle-même au rythme d’une voix robotique. À ses côtés, on trouve Tralalero Tralala, un requin à trois pattes en baskets, Bombardino Crocodilo, une fusion étrange entre un avion militaire et un crocodile, ou encore Tung Tung Tung Sahur, inspiré des tambours du Ramadan.
Ces personnages, malgré leur apparence absurde, fascinent les enfants, qui les reproduisent à travers des dessins, des jeux et des vidéos, jusqu’à en faire de véritables figures de leur imaginaire collectif. Sur TikTok, la viralité est fulgurante : les hashtags associés à ces figures cumulent plusieurs milliards de vues, attestant d’un engouement massif. Les enfants ne se contentent pas de regarder : ils s’approprient ces contenus, les détournent, créent leurs propres scénarios et dialogues, dans une forme d’expression numérique libre et spontanée.
Face à cet engouement, les adultes oscillent entre amusement, perplexité et inquiétude. Certains enseignants commencent à tirer la sonnette d’alarme, pointant du doigt un impact potentiel sur l’attention et le comportement en classe. Des écoles ont même interdit certains mèmes, jugés trop envahissants. Pourtant, au-delà des inquiétudes, cette tendance reflète aussi la manière dont les plus jeunes interagissent aujourd’hui avec les contenus numériques : en remixant, en exagérant, en explorant les frontières du sens. Le brainrot italien peut alors être vu comme un miroir de notre époque numérique, où le non-sens, la dérision et la créativité collective deviennent les nouveaux codes d’une culture enfantine en pleine transformation.