Affaire Rayan Khelifi : soupçons de torture en prison, son avocate affirme qu’il a été transféré à l’hôpital Razi

L’avocate Rihab Ben Abda Smaali a tiré la sonnette d’alarme concernant l’état de santé de son client, Rayan Khelifi, détenu depuis trois semaines pour possession présumée de drogue en vue de consommation. Selon ses déclarations faites le 5 mai 2025 sur les ondes de la Radio nationale dans l’émission Studio Wataneya, le jeune homme aurait été victime d’actes de torture durant sa détention, avant d’être transféré à l’hôpital Razi sans que ni sa famille ni sa défense n’en soient informées.

L’avocate a détaillé les circonstances de son arrestation : Rayan Khelifi a été interpellé lors d’un entretien d’embauche et a comparu une première fois devant la justice le 22 avril. Lors d’une visite en prison le 2 mai, elle l’a trouvé dans un état préoccupant. Selon elle, Rayan présentait des signes de traumatisme : bleus sur le dos, brûlure sur la main gauche, cicatrices à l’épaule, et un comportement perturbé. Il aurait même confié à son avocate des pensées suicidaires. Sa famille, qui l’avait vu le 29 avril, a également signalé qu’il était méconnaissable, en état second, incapable de les reconnaître.

Me Ben Abda Smaali a exprimé de fortes inquiétudes quant à une possible agression sexuelle, bien qu’aucun examen médical n’ait été pratiqué à temps. Elle a officiellement porté plainte pour torture et a exigé une triple action : une auscultation médicale urgente, une inspection par le procureur et l’ouverture d’une enquête.

Face à ces accusations graves, le ministère de la Justice a publié un communiqué, le 4 mai 2025, niant catégoriquement tout acte de torture. Selon le ministère, le parquet de Bizerte a immédiatement agi en ordonnant une audition et un examen du détenu par le procureur de la République dès le 2 mai. Aucune trace de violence n’aurait été constatée, comme consigné dans un procès-verbal officiel.

Le ministère affirme également que l’Inspection générale des prisons et de la rééducation a mené une enquête interne, avec des entretiens et des inspections approfondies, concluant à l’absence de toute forme de mauvais traitement. Un juge d’instruction s’est également rendu sur place le 3 mai, accompagné du procureur, et n’a relevé aucun signe de violence sur le corps du détenu.

Concernant la photo circulant sur les réseaux sociaux, le ministère a précisé qu’elle ne concernait en aucun cas Rayan Khelifi. Il s’agirait d’une image datant de 2017 prise dans un autre pays, utilisée de manière « mensongère et manipulatrice » pour diffuser de fausses allégations et troubler l’opinion publique.

Enfin, le ministère a annoncé qu’il allait entamer des poursuites judiciaires contre toute personne impliquée dans la diffusion de ces informations jugées infondées. Il a réaffirmé son attachement aux droits de l’Homme et au respect des normes internationales relatives au traitement des détenus, tout en assurant que toute violation avérée serait sévèrement sanctionnée.