Recevant, vendredi, au Palais de Carthage, la ministre de la Justice, Leila Jaffel, le président Kais Saïed a réaffirmé que la protection des droits et des libertés est “un choix irréversible” en Tunisie, assurant que la liberté d’expression est bel et bien garantie par la Loi fondamentale du pays, la Constitution.
Personne n’est poursuivie en raison de sa pensée, a martelé le président Saïed, assurant que jusqu’à présent aucun individu n’a été traqué pour ses opinions personnelles.
Le chef de l’Etat a tenu à souligner qu’il refuse catégoriquement qu’une personne soit écrouée sur fond de sa pensée laquelle, a-t-il dit, bénéficie d’une protection renforcée dans le texte de la Constitution tunisienne contrairement à d’autres pays.
Il a, à ce propos, critiqué les manifestants qui viennent protester devant le siège du théâtre municipal de Tunis et qui se plaignent souvent d’être en proie aux “restrictions”, soulignant que leurs rassemblements sont souvent protégés par les forces sécuritaires.
Nous déplorons l’injustice, a-t-il lancé. En contrepartie, nous ne tolérons plus que quiconque porte atteinte à la patrie ou s’acharne sciemment à ternir son image à l’étranger, a insisté le chef de l’Etat, réaffirmant son rejet catégorique de toute forme d’ingérence dans les affaires internes de la Tunisie.
Notre souveraineté est au-delà de tout soupçon, au-delà de toute considération, a-t-il encore martelé, ajoutant que la Tunisie est soucieuse de respecter et les choix et les orientations des autres.
Cité dans une vidéo publiée sur la page officielle de la présidence, le président Saïed est revenu sur la polémique suscitée par l’application du décret-loi n°54, notamment les dispositions de son article 24.
Dans ce contexte, le chef de l’Etat a tenu à préciser qu’il refuse catégoriquement toute atteinte ou restriction apportée à l’exercice de la liberté de pensée.
Chaque personne est en droit d’exprimer librement sa pensée et d’exercer son libre arbitre, a encore assuré le président Saïed, pointant du doigt des parties (sans les citer) qui revendiquent à cor et à cri la liberté d’expression alors qu’elles sont en réalité peu enclines à la liberté de pensée.
Ces parties ne sont autres qu’un “simple relais” des milieux colonialistes et des puissances étrangères, a-t-il vivement dénoncé, fustigeant à ce propos des campagnes fielleuses colportées par des parties (sans les citer) qui ont pris coutume de se faire acheter la conscience et de s’inféoder aux milieux étrangers dans le dessein d’éclabousser le processus engagé en Tunisie.
Par ailleurs, le président Saïed a vivement critiqué la manière dont certains appréhendent la liberté d’expression.
Pour certains, a-t-il expliqué, la liberté d’expression est synonyme de diffamation, d’outrage et de propos offensants, tout comme elle signifie, à tort et à contre-sens, “se permettre de s’ingérer dans les affaires du pays ou de se poser en donneur de leçons en matière de liberté.
Ils n’ont de cesse de prendre le peuple Tunisien pour cible, pour le simple motif qu’il est un peuple qui aspire à la liberté et à la dignité, a regretté le chef de l’Etat.
Pour le président Saïed, le “problème” n’est pas dans les clivages droite-gauche, Ennahdha-RCD mais plutôt dans la structure tentaculaire des lobbies qui a réussi à noyauter en profondeur l’appareil administratif de l’Etat et à trouver ses relais dans une presse “achetée” et à travers quelques voix .
Ces lobbies, a-t-il encore poursuivi, ont accepté volontiers de se soumettre à la houlette des puissances coloniales, préférant sans nul recul épouser aveuglément et à jamais une culture du défaitisme.
Ils s’affichent, a-t-il dit, en posture de fervents défenseurs des droits et des libertés et prennent souvent la parole à travers les médias dans la seule et unique visée de faire exacerber les tensions et faire répandre les fausses rumeurs, mettant en garde contre toute tentative de saborder l’Etat et ses institutions.
Par ailleurs, le président Saïed n’a pas hésité à fustiger les “polémiques montée de toute pièce” qui enflent autour de ” faux débats” et qui n’ont souvent aucun lien avec un quelconque parti politique mais plutôt se rapportent à 40 ou 50 familles influentes qui ont réussi à mettre la main sur le pays et qui sont les premières responsables de la montée de la corruption dans le pays.
Preuve à l’appui, le président Saïed a tenu à évoquer le cas d’un dossier de corruption qui sera bientôt dévoilé et qui est lié à un responsable à la tête d’un établissement public en possession illégale de six voitures de fonction et qui a pris coutume de voyager à l’étranger tous les mois de l’année.