Depuis début 2024, quelque 52 972 personnes ont tenté de franchir clandestinement les frontières maritimes vers l’Europe au départ de la Tunisie, a indiqué mardi le ministre de l’Intérieur, Kamel Fekih qui précise que 92 % d’entre eux sont des étrangers. Il a salué les efforts considérables déployés par les forces sécuritaires et militaires pour protéger les frontières du pays.
Le ministre s’exprimait à l’occasion de l’ouverture du « Forum arabe pour la réduction du trafic de migrants et la promotion de la migration sûre et régulière », organisé par le département de l’Intérieur, en collaboration avec l’Université arabe Nayef des sciences de la sécurité et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Il a ajouté que le nombre de personnes sauvées en mer s’élève à 4 336, dont 4 243 étrangers, soit 98 % du total des personnes rescapées.
Les forces sécuritaires et militaires ont réussi à interpeller 595 passeurs et organisateurs de traversées irrégulières, et à saisir 429 bateaux et embarcations destinés à cet usage, apprend-on de même source. « 3 369 tentatives ont été déjouées durant la même période, 103 bateaux ont coulé et 341 corps ont été repêchés, dont 336 étrangers », selon les informations fournies par le ministre de l’Intérieur.
« Le phénomène de la migration irrégulière est étroitement lié aux crimes de traite des personnes et de trafic de migrants, qui sont désormais gérés par des réseaux internationaux spécialisés », a reconnu Fekih. Il a expliqué dans ce contexte que « tout le monde s’accorde à dire que la migration irrégulière se croise avec d’autres crimes tels que le terrorisme, le trafic de drogue, le trafic des armes et le blanchiment d’argent et autres ».
Il a estimé que le phénomène de la migration irrégulière est « anormal et inhumain, nécessitant une réflexion pour mettre au point une approche réaliste, globale et multidimensionnelle visant principalement à éradiquer les causes plutôt qu’à essayer de traiter les conséquences, dans l’intérêt des peuples et pour garantir leur sécurité et leur stabilité ».
Fekih a souligné que ce forum se tient dans un contexte régional et international tendu, où les pays font face à de multiples défis sécuritaires et de développement, appelant les experts et les spécialistes ainsi que toutes les parties prenantes à approfondir l’échange de points de vue et à concevoir des mécanismes capables de lutter contre les différents types de crimes organisés transfrontaliers, en particulier la migration irrégulière.
Dans son intervention, le directeur du bureau régional de l’OIM au Moyen-Orient et en Afrique du Nord Othman Belbeisi, a souligné que l’organisation aidé en 2023 au rapatriement de 2 500 migrants irréguliers vers leurs pays d’origine. Et au cours des quatre premiers mois de l’année en cours, 2 600 migrants irréguliers ont été rapatriés vers leurs pays.
Il a mis en avant l’augmentation du phénomène de trafic de migrants et de migration irrégulière dans les pays d’Afrique du Nord qui représentent des points de transit et de destination pour de nombreux migrants. Il a ajouté que l’Afrique du nord constitue, également, une terre d’origine pour les migrants, qui ont contribué au développement de l’Europe à travers différentes périodes de l’histoire »,a-t-il reconnu.
Il a expliqué que ce forum a pour but de développer des stratégies arabes communes concernant la migration, en plus de l’échange d’informations et de données.
La migration africaine suit une trajectoire ascendante, selon une étude publiée par le Centre africain pour les études stratégiques. Au cours des deux dernières décennies, le nombre de migrants du continent africain a dépassé 40 millions, soit une augmentation de près de 30 % par rapport à 2010.
Ils représentent environ 14,5 % du nombre total de migrants dans le monde, selon la même étude qui indique que ce pourcentage ne diminuerait pas à moyen et long terme.
Une étude réalisée par les Nations Unies a également montré que 93 % des Africains voyageant vers les pays européens par des voies irrégulières le referaient, malgré les dangers menaçant leur vie.
Les données spécifiques des Nations Unies confirment que les raisons qui poussent à la migration de l’Afrique vers l’Europe sont variées, dont notamment la propagation de la pauvreté, du chômage, la surpopulation, ainsi que la montée de la corruption, de la tyrannie, des guerres et des conflits.