Les avocats ont organisé, jeudi, une grève générale, la deuxième cette semaine, à l’initiative de l’Ordre national des avocats de Tunisie (ONAT) en protestation contre les actes de torture qu’aurait subi l’avocat Mehdi Zagrouba pendant sa détention.
Ce dernier a été arrêté alors qu’il se trouvait à la Maison de l’avocat lundi dernier, au soir.
Des avocats et des activistes de la société civile se sont rassemblés devant le ministère de la Justice et le Tribuanl de première instance de Tunis (Bab Bnet). Ils ont brandi des slogans qui dénoncent les événements survenus, récemment, à la Maison de l’avocat et l’émission des mandats de dépôt à l’encontre des avocats Mehdi Zagrouba, Riadh Salhi et Sonia Dahmani.
Ils ont dénoncé ce qu’ils ont qualifiée de “violation de libertés”.
Dans une déclaration à l’agence TAP, le bâtonnier des avocats Hatem Mziou a indiqué que la grève a été menée dans tous les tribunaux sauf pour les exceptions à caractère urgent, telles que la présence avec les détenus ou encore la demande de report des audiences.
S’adressant aux médias, Mziou a déclaré “tout le monde devrait comprendre qu’il est impératif de ne pas prononcer de jugement avant d’avoir entendu toutes les parties impliquées”, estimant que “ce qu’il s’est passé avec Mehdi Zagrouba, mercredi, pendant l’instruction était très grave et inhumain”.
L’avocat Boubaker Thabet avait déclaré, mercredi, à la TAP, que le juge d’instruction a constaté “l’état d’épuisement physique” de Mehdi Zagrouba, ajoutant que le même juge a dû interrompre l’interrogatoire aux fins de soumettre son client à l’examen d’un médecin-légiste conformément aux dispositions du code de procédure pénale régissant la garde à vue.
Cette mesure n’a toutefois pas abouti en raison de motifs sécuritaires, a fait savoir Thabet, ajoutant que face à l’état d’épuisement de son client et son incapacité à poursuivre l’interrogatoire, le juge d’instruction a ordonné d’émettre un mandat de dépôt à l’encontre de Zagrouba en attendant de parachever les procédures à cet effet.
Boubaker Thabet a, par ailleurs, pressé les autorités officielles à diligenter une information judiciaire sur les violations et atteintes ayant visé son client, exhortant l’Ordre des avocats à dénoncer publiquement ces pratiques et dépassements.
De son côté, l’Ordre des avocats a estimé, dans une déclaration, publiée mercredi soir, que “l’avocat Mehdi Zagrouba a subi des actes de torture durant sa détention (…) lesquels nécessitent une poursuite judiciaire”.
De son côté, le porte-parole du ministère de l’Intérieur a démenti les propos selon lesquels l’avocat Mehdi Zagrouba aurait subi des actes de torture, relevant que “les centres de détention sont équipés de caméras” et que “toutes les phases de l’interrogatoire sont également enregistrées”. “Ces caméras peuvent être remises à la justice” en cas de besoin, a-t-il ajouté.