Une étude réalisée par la présidente de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) Hamida El Bour, sur les profils de certains journalistes sur les réseaux sociaux a révélé que les professionnels des médias considèrent que le journaliste sur les réseaux sociaux continue à se comporter en professionnel. Pour d’autres, facebook constitue un espace personnel indépendant de ses engagements en tant que journaliste.
S’exprimant lors d’un panel organisé à l’IPSI sur les médias et l’éthique journalistique, dans le cadre du 11e symposium de l’université de la Manouba organisé cette année sous la thématique, liberté et responsabilité, la présidente de l’établissement a ajouté que l’étude a démontré que dans les médias, certains journalistes plaident pour l’implication du journaliste sur les réseaux sociaux, d’autres sont plutôt pour l’obligation de réserve.
Il est difficile d’établir une équation entre liberté de presse et responsabilité ou ce qu’on appelle de nos jours la redevabilité des médias envers le public, a relevé, de son côté, le président de l’organisation Media Development Centre (MDC) Abdelkrim Hizaoui. Selon lui, la liberté de la presse permet de fournir un service public au citoyen.
Nous devons, dès lors, discuter des moyens de consacrer la liberté de la presse dans le but de rendre service au citoyen et d’instaurer la culture de l’autorégulation des médias, a-t-il préconisé.
Selon Hizaoui, le code d’éthique du syndicat des journalistes doit être révisé afin de mieux répondre aux nouveaux défis éthiques auxquels le secteur fait face.
Dans ce contexte, Hizaoui a évoqué le principe de redevabilité, en tant que forme d’autorégulation qui permet, selon lui, de gagner la confiance du public et réduire le recours à la justice. De plus, la redevabilité implique le public des médias dans la création du contenu de manière à gagner son soutien, a-t-il poursuivi.
En effet, le conseil de presse, un des mécanismes de redevabilité mis en place en Tunisie depuis quelques années, évitera les comparutions devant la justice au sens de lois autres que les décrets-lois 115 et 116.
Pour Atidel Mejbri, présidente du conseil de presse, les violations flagrantes de l’éthique journalistique commises par les intrus du métier et des journalistes débutants qui n’ont pas de connaissances juridiques expliquent la méfiance envers les médias.
Selon elle, le défi actuel est de réussir l’équation éthique journalistique et liberté de presse, ce qui suggère de revoir, aujourd’hui, les méthodes de formation et de les adapter à la nouvelle réalité du secteur.
Dans son intervention, Jihen Louati, membre du SNJT considère qu’en l’absence de la HAICA et des organes d’autorégulation, la situation de la liberté de presse en Tunisie est plus “difficile” que jamais. Elle a évoqué, dans ce contexte, le rôle du journaliste dans la révélation de la vérité. Une vérité défigurée sur les réseaux sociaux, a-t-elle fait observer.