Abdul Malik al-Houthi, le leader du mouvement houthi du Yémen, a causé l’inquiétude au début du mois en annonçant son intention de perturber le trafic maritime dans l’océan Indien, en particulier autour du cap stratégique de Bonne-Espérance. Diffusée sur la chaîne de télévision al-Masirah du groupe, cette intention affichée de faire obstacle à tous les transports maritimes liés à l’entité sioniste a exacerbé les tensions régionales.
Ces inquiétudes sont encore aggravées par les informations diffusées par l’agence de presse russe RIA Novosti, qui affirme que les Houthis pourraient avoir acquis des missiles hypersoniques. Cette affirmation a suscité un mélange de scepticisme et d’appréhension parmi les experts militaires, certains émettant des doutes quant à la capacité du groupe à utiliser efficacement une technologie aussi avancée en raison des défis logistiques et opérationnels impliqués.
Ali Bin Hadi, un analyste militaire yéménite, a fait valoir que les Houthis n’avaient pas les moyens de perturber le trafic maritime près du cap de Bonne-Espérance, qui se situe au-delà de la portée de leur arsenal actuel. Malgré leurs capacités prouvées à affecter la navigation dans les eaux régionales, notamment en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, contrôler des points d’étranglement aussi éloignés que le cap de Bonne-Espérance reste hors de la portée du mouvement.
“Ce cap se trouve à des milliers de kilomètres, bien au-delà de la portée opérationnelle des missiles et des drones houthis, ce qui rend toute menace contre cette zone très improbable”, a affirmé M. Hadi.
Khaled Salman, un observateur politique yéménite, a cependant déclaré que même si le groupe houthi ne possédait pas le savoir-faire technique nécessaire pour développer indépendamment des missiles à longue portée ou supersoniques, il pourrait avoir “obtenu illégalement des missiles hypersoniques par l’intermédiaire d’une source tierce”.
La possibilité que les Houthis disposent de capacités hypersoniques est particulièrement inquiétante, a noté M. Salman, car cela pourrait poser une menace considérable pour la navigation internationale et les routes commerciales maritimes. L’observateur a également suggéré que le Yémen pourrait devenir malgré lui un “terrain d’essai” permettant aux grandes puissances de tester leurs armes hypersoniques en conditions réelles.
La campagne lancée par les Houthis contre les voies de navigation commerciales s’est intensifiée en novembre dernier, coïncidant avec une montée des tensions entre l’entité sioniste et les Palestiniens dans la bande de Gaza. Le groupe affirme que ses attaques visent des navires liés à l’entité sioniste, et constituent à la fois des représailles à l’offensive sioniste à Gaza et un signe de solidarité avec les Palestiniens.
En réponse, les Etats-Unis et le Royaume-Uni lancent des frappes aériennes et tirent des missiles contre des cibles houthies au Yémen depuis le 12 janvier 2024. Loin de dissuader le groupe, ces actions l’ont cependant conduit à renforcer ses attaques, en élargissant notamment ses cibles pour inclure les navires américains et britanniques.