Le gouvernorat de Béja se déploie sur 3740 km2, et contribue à environ 25% de la production céréalière nationale, grâce à plus de 90% de terres fertiles. L’abondance et la diversité de sa production lui ont prévalu le statut de grenier national, une renommée héritée depuis l’antiquité.
On y retrouve les plus grands barrages du pays, à savoir, le barrage de Sidi Salem, d’une capacité d’environ 700 millions m3, le barrage de Sidi El Barrak et le barrage Kassab.
Créé en 1956, le gouvernorat de Béja se distingue par sa position géographique comme région transitaire entre les gouvernorats du Nord-Ouest, du Grand-Tunis et ceux de la région du Nord-Est.
Bordé au nord par la mer Méditerranée sur une bande de 26 kilomètres de long, à l’ouest par le gouvernorat de Jendouba, à l’est par les gouvernorats de Manouba, Zaghouan et par Bizerte au nord-est, ainsi par le gouvernorat de Siliana au sud.
Selon le nouveau découpage territorial, le gouvernorat de Béja appartient au premier district. La région compte 308710 habitants, selon les données de l’Institut National de la Statistique (INS) de janvier 2023. Près de 45% de la population vit en milieu urbain.
Caractéristiques différentielles saillantes
La région compte près de 26 mille ha de zones irriguées, 33600 ha de terres arables, 23 mille ha de pâturages, et plus de 65 mille ha de couvert forestier, selon les données du Commissariat Régional de l’Agriculture pour l’année 2022.
Le secteur agricole emploie environ 30% de la population active de la région, suivi par le secteur des services (plus de 27%), puis les industries manufacturières (13%), et in fine, le bâtiment et les travaux publics.
Parmi les avantages distinctifs de la région, sa proximité avec la capitale Tunis, sans oublier qu’elle se déploie dans le mitan d’un important réseau routier, notamment l’autoroute Tunis-Béja-Bousalem et une ligne ferroviaire pour personnes et marchandises.
Béja dispose également de 11 zones industrielles couvrant une superficie de 143 ha, où sont implantées plus de 150 entreprises qui fournissent plus de 16000 emplois.
La région abrite également 4 institutions universitaires, deux incubateurs d’entreprises et plusieurs centres de formation spécialisés dans les industries alimentaires et l’agriculture biologique. Ceci, outre la présence d’un nombre important de sites archéologiques tels que Dougga, Faouar, Aïn Tounga et la Kasbah, dont certains sont classés à l’international.
Ecart entre un potentiel naturel prolifère et de faibles indicateurs socio-économiques
Les 9 délégations du gouvernorat de Béja reflètent une situation de développement caractérisée par de faibles indicateurs économiques et sociaux, en raison de problèmes structurels et conjoncturels ayant entravé la marche du développement. La région occupe la 20ème place dans l’indice de développement national, selon un document préliminaire du plan de développement régional 2023-2025.
D’après la même source, la région affiche un taux élevé de pauvreté et d’analphabétisme, estimés respectivement à 32% et 29,2%, outre un taux de chômage supérieur à 18% en 2019.
A Béja, on compte 1 médecin pour 1248 habitants, avec une moyenne de 25 consultations par médecin et par jour. Le nombre de patients référés pour un traitement en dehors de la région, est estimé à 3028 patients, selon les chiffres de la direction régionale de la Santé pour l’année 2022, et ce, en l’absence d’un hôpital universitaire, structure clamée urgemment par la population de la région et dont le défaut était à l’origine de plusieurs mouvements de protestation, notamment en 2020.
Dans le document préliminaire du plan de développement 2023-2025, les experts ont expliqué les problèmes de développement du gouvernorat de Béja par l’absence d’une stratégie de territoire. Situation qui a engendré un écart de développement entre les délégations, ainsi que l’épuisement des ressources sur fond de contexte économique traditionnel et lacunaire.
Cette absence de planification stratégique a impacté la compétitivité de la région, avec les conséquences se traduisant par une faible productivité du secteur agricole, un ajournement sine die du développement du secteur industriel, un manque d’intégration entre les secteurs économiques et une intégration très limitée du secteur des services.
Un bilan peu reluisant qui a été exacerbé par une pénurie d’eau potable et d’irrigation, affaiblissant au passage les capacités agricoles de la région, ainsi que par l’inexploitation du patrimoine culturel de la région dans les activités du secteur touristique, lequel est demeuré dans un état embryonnaire.
A cela s’ajoute un déséquilibre dans la répartition des équipements et installations publics entre les délégations, en l’absence d’un plan de croissance durable qui soit au bénéfice des différentes villes et secteurs économiques de la région.
Par ailleurs, la croissance démographique de la région maintient, depuis des décennies, des taux faibles ou négatifs en raison de l’accentuation du phénomène d’exode et d’immigration. Selon le recensement général de la population de 2004, la population de Béja s’élevait à 304501 habitants contre 303032 habitants en 2014.
Vision du développement
La vision stratégique de développement du gouvernorat de Béja 2023-2025, repose sur une nouvelle structuration de l’économie régionale se fixant pour objectifs, de propulser la région au statut de pôle économique régional compétitif, transformer la région en un espace régional équilibré, rayonnant et attractif, améliorer la qualité de vie et endiguer les taux de chômage et de pauvreté.
De leur côté, les représentants de la société civile à Béja, ont relayé à l’Agence TAP les revendications des habitants de Béja qui consistent notamment en, l’accélération de la mise en place d’un hôpital universitaire multidisciplinaire, la réalisation de grands projets (Jenan Medjreda), la promotion du secteur agricole, touristique et de transport.