Avec une position géographique en plein cœur de la Tunisie, le gouvernorat de Kairouan présente des traits différentiels, à travers notamment, sa proximité avec les ports maritimes de Sousse et de Sfax, les aéroports (Monastir, Enfidha et Sfax), et l’autoroute Tunis-Sfax, ce qui en fait une balise centrale entre les quatre points cardinaux du pays.
L’économie de la région dépend essentiellement du secteur agricole, le gouvernorat regorge de ressources naturelles réparties sur 590 mille hectares de terres agricoles, (85% de la superficie totale de la région), dont 450 mille ha de terres cultivées et 140 mille ha de forêts et pâturages naturels.
Selon le recensement général de la population de 2014, la population y est estimée à 570,6 mille habitants (5,2% de la population totale du pays), dont 64,7% installés dans les zones rurales.
Les terres agricoles labourées sont réparties sur 180000 ha d’oliveraies (9,4 millions pieds d’oliviers), 227000 ha d’arbres fruitiers et 130000 ha de grandes cultures, ce qui place la région au premier rang national en termes de production de céréales irriguées, deuxième place dans la production oléicole irriguée et en position de leader national dans la production du poivre, abricot et miel.
Parmi les particularités de la région, figure le secteur touristique, fort d’un patrimoine religieux et culturel séculaire, (la Grande Mosquée de Oqba, les Bassins des Aghlabides, le sanctuaire d’Abou Zam’a Al-Balawi, et la Médina de Kairouan), épaulé en cela, par la singularité de la filière artisanale (le tapis, El Margoum, El Hayek, le cuivre forgé,…) ainsi que de nombreux sites écologiques naturels attractifs.
Des difficultés dans de nombreux secteurs
En dépit d’un potentiel de développement conséquent, le niveau des infrastructures, des services sociaux et des équipements publics dans le gouvernorat de Kairouan demeure en deçà des attentes de la population, en témoigne la position de la région occupant les derniers rangs des indicateurs sociaux et de la qualité de vie des habitants sur le plan national. Un état de fait qui a lourdement affecté la compétitivité de Kairouan et son attractivité pour les investissements privés.
Le secteur agricole
Le tissu économique de Kairouan se caractérise par son manque de diversité et sa totale dépendance du secteur agricole, un modèle qui a provoqué l’épuisement des ressources hydrauliques de la région, induisant une salinisation croissante de la nappe phréatique et une augmentation croissante du coût du pompage de l’eau.
Bien qu’il emploie un tiers de la population active, le secteur agricole semble incapable, à lui seul et dans son état actuel, d’absorber une large partie des demandes d’emploi dans la région. Le secteur n’a pas réussi à apporter la valeur ajoutée souhaitée à la plupart de ses produits commercialisés hors de la région, à l’état brut, sans compter la vétusté et la corrosion de nombreuses installations de conditionnement agricoles ainsi que la fragmentation des systèmes d’exploitation et de production.
Secteur industriel
Le secteur industriel dans la région est encore limité à 180 unités (employant 10 travailleurs ou plus), ce qui représente seulement 3,16% du total des unités industrielles à travers le pays, une faiblesse endémique des infrastructures de la région et qui freine inlassablement l’essor du secteur.
Secteur du tourisme
En dépit d’un patrimoine civilisationnel de premier ordre, le gouvernorat de Kairouan se tient loin d’une exploitation optimale de ces éléments à même de faire de la région un pôle de tourisme culturel, lequel contribuerait à tracer la voie du développement et à rayonner sur les gouvernorats voisins.
Infrastructure
Les infrastructures publiques de la région, restent modestes, en l’absence totale d’autoroutes et de lignes ferroviaires modernes. Les plans de la région sont faits de routes numérotées et de pistes agricoles bitumées. La région connaît également une pénurie de zones industrielles aménagées et d’unités industriels, la plupart sont concentrées dans 4 délégations sur un total de 13.
Développement humain
La région présente un tissu urbain caractérisé par un développement territorial incohérent et non-intégré, une dispersion de la population, une absence de centres urbains structurés, outre de faibles indicateurs de développement humain, une couverture limitée des services de santé et de leur qualité, un manque d’infrastructures et d’équipements pour les catégories des jeunes et des enfants.
Face à ces insuffisances, les habitants entrevoient des réformes à prendre en ligne de considération lors de toute tentative de changement, notamment, à travers la connexion du gouvernorat de Kairouan avec Enfidha via une ligne ferroviaire, la création d’une zone logistique de transport multimodal, la poursuite des travaux d’aménagement de la zone industrielle de Sbikha, et la réhabilitation des ” Bassins des Aghlabides ” pour en faire un espace de culture et de loisir.
Il s’agit également, de diversifier le tissu économique en travaillant à la promotion des industries de transformation, en jetant les bases d’un secteur touristique et en réduisant la disparité de développement constatée entre les délégations de la région.
Les habitants de la région appellent également à améliorer le système et les conditions d’enseignement, à renforcer les premières lignes de santé publique, à soutenir les établissements de santé en équipements et à accélérer la réalisation de l’hôpital universitaire Salman Ibn Abdelaziz.
A noter que le gouvernorat de Kairouan compte 13 délégations, 114 imadas, 119 circonscriptions électorales et 318 bureaux de vote.