L’association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) organise aujourd’hui samedi et demain dimanche au Palais des congrès à Tunis un tribunal fictif pour traiter deux cas de femmes décédées à la suite de violences, en 2008 et en 2022, soit après la promulgation de la loi 58 relative à l’élimination de toutes formes de violences faites aux femmes.
La présidente de l’ATFD Neila Zoghlami a indiqué dans une déclaration à la TAP que ce tribunal fictif a pour but de sensibiliser aux féminicides et aux violences contre les femmes, à travers ces deux cas, qui ont été pris en charge par l’association à travers leurs avocats.
Elle a relevé que l’organisation d’un tribunal fictif, le 3e du genre, s’inscrit dans le cadre de la campagne internationale 16 jours d’activismes contre les violences faites aux femmes, afin de faire le point sur le traitement judiciaire du féminicide et d’honorer la mémoire des victimes.
“Cette rencontre vise également à dénoncer l’échec de l’état et du système judiciaire dans le traitement de la violence basée sur le genre” a-t-elle ajouté.
Dans ce tribunal fictif, les participants joueront le rôle de magistrats, d’avocats, de procureurs, de témoins et d’accusés pour traiter les cas de femmes victimes de féminicide et essayer de comprendre les causes de ce phénomène et les carences dans l’application de la loi.
Zoghlami a fait remarqué que le nombre de féminicide a augmenté ces dernières années pour atteindre 27 cas sans compter les cas non déclarés, les morts suspectes et les ouvrières agricoles qui décèdent à cause des conditions de transport inhumaines.
De son côté, la membre de l’association et avocate Héla Ben Salem, qui devra présider la cour fictive a précisé que le féminicide en Tunisie et dans le monde est considéré comme un crime de haine misogyne commis contre les victimes “parce que ce sont uniquement des femmes” dénonçant la passivité des structures de l’état pour prévenir et sanctionner ces crimes.