Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a vivement dénoncé les renvois à répétition des journalistes devant le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, estimant que cette pratique constitue une ” atteinte criarde à la liberté du travail journalistique”.
La réaction du SNJT survient sur fond de la décision du juge d’instruction n°23 relevant du pôle de lutte antiterroriste de rendre coupable le journaliste Ghassan ben Khalifa, rédacteur en chef du site “Inhiyaz” pour motif ” d’incitation “, ” d’adhésion à une entente terroriste ” et d’offense contre le chef de l’Etat “.
La décision du juge d’instruction maintient en contrepartie le journaliste Ghassan ben khalifa en liberté.
Dans une déclaration publiée, aujourd’hui mercredi, le syndicat estime que la décision du juge d’instruction de traduire le journaliste Ben Khalifa devant une juridiction d’exception est une décision qui vient porter ” un rude coup ” à la liberté de la presse en Tunisie, rappelant à ce propos les tristes antécédents des procès des journalistes de Khalifa Guesmi, de Chatha Haj Mbarek et de Yassin Romdhani.
Tout en réaffirmant que la loi antiterroriste est devenue l’épée de Damoclès qui pèse lourdement sur les journalistes, le SNJT exhorte les tribunaux tunisiens en général et la chambre d’accusation relevant du pôle judiciaire antiterroriste, en particulier, à s’abstenir d’appliquer la loi antiterroriste à l‘encontre des journalistes et à plutôt faire recours aux législations spécifiques régissant la profession du journaliste, en l’occurrence, le décret-loi 115.
Le syndicat a rappelé que l’affaire du journaliste en question a été soulevée il y a plus d’un an, sur fond d’un post publié via une page dont le journaliste ne présente aucune affinité, soulignant que la justice s’est empressée à considérer cette publication comme étant un crime terroriste.
Placé en garde à vue depuis plus de 14 mois, le journaliste Ben Khalifa vient d’être auditionné la semaine précédente.
Il a répondu non coupable aux griefs portés contre lui.