Une conférence a été organisée, vendredi, à Tunis, sur le thème “Les médias et la justice, les domaines d’intervention pour préserver les droits et les libertés” à l’initiative de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) en vue d'”établir une relation entre les médias et la justice dans le cadre d’une approche participative où les rôles sont répartis d’une manière plus claire”.
Un projet de Déclaration de Tunis sur les domaines d’intervention des médias et de la justice pour préserver les droits et les libertés sera annoncé à l’issue de cette conférence.
Cette conférence, à laquelle ont participé des experts dans les domaines de la justice et des médias, intervient dans le cadre de la “nécessité d’ouvrir un débat sur la liberté d’expression et de l’information et le rôle de la justice dans la mise en place de mécanismes capables de garantir ces libertés et de protéger le droit du journaliste à l’information”, indique une note de présentation.
Pour Radhia Saïdi, membre du conseil de la HAICA, cette conférence est organisée dans un contexte national délicat où se multiplient les appels à l’indépendance de la justice et à la liberté d’expression et de l’information.
“Il y a des tentatives visant à affaiblir la HAICA, notamment en portant atteinte à son pouvoir décisionnel, particulièrement depuis le départ à la retraite de Nouri Lajmi, son ancien président, en janvier dernier”, a-t-elle dit.
Depuis cette date, le conseil de l’instance n’a jamais pu publier ses décisions au grand public, tant en ce qui concerne certaines institutions médiatiques qu’en ce qui concerne nombre de projets soumis à la HAICA.
Parmi les tentatives de passer outre les prérogatives de l’instance de régulation, a-t-elle poursuivi, “rendre une décision de justice interdisant les médias audiovisuels de commenter l’affaire dite du complot contre la sûreté de l’Etat”.
Il est nécessaire d’ouvrir un débat entre la justice, les médias et l’instance de régulation pour définir les domaines et limites d’intervention afin de préserver les droits et les libertés, a-t-elle estimé.
Pour sa part, Yassine Jelassi, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), a fait état d’un “retour des dispositifs de l’Etat, dont la justice, au contrôle préalable des contenus médiatiques”.
Faire le procès de 23 journalistes sur la base du décret-loi n° 2022-54 du 13 septembre 2022, relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication en l’espace de trois mois constitue une violation manifeste des décrets-lois n°115 et 116 régissant le secteur des médias, selon Jelassi.
Pour lui, “il s’agit d’une politique du pouvoir en place qui vise à saper les droits et les acquis du secteur de l’information”.
Le procureur général près la Cour d’appel de Monastir et porte-parole des tribunaux de Monastir et Mahdia, Farid Ben Jha, a insisité, dans une déclaration aux médias, l’impératif de promulguer une loi organique qui définit, clairement, les domaines d’intervention des médias dans les affaires en cours d’instruction.
Il a, également, souligné la nécessité de respecter le rôle de la HAICA dans la régulation du paysage audiovisuel.
Cette conférence a été organisée en partenariat avec l’UNESCO, l’Article 19, l’Institut danois des droits de l’homme (DIHR) et le SNJT.