L’antenne locale Sfax Sud de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) a appelé, jeudi, à mettre en place une cellule de crise régionale qui aura pour mission d’élaborer un “plan d’action” permettant de gérer au mieux la crise actuelle.
La cellule de crise aura pour rôle de déterminer avec soin les besoins réels de la région auprès des autorités centrales et des organisations internationales et de définir leurs domaines et mécanismes d’intervention.
L’appel lancé par l’antenne locale de Sfax Sud survient sur fond de la montée de tension ces derniers jours entre la population locale de Sfax et les migrants irréguliers d’Afrique sub-saharienne.
Dans une déclaration publiée jeudi, la Ligue a regretté de voir la situation dans la ville de Sfax virer en une véritable scène de “guerre civile ” où les violences fusent de tous bords, dénonçant “l’inaction” d’un Etat “défaillant et démissionnaire” en mal de pouvoir décréter une “stratégie claire et efficace”.
Il est urgent d’intervenir pour préserver la sécurité des habitants de la région et l’inviolabilité de leurs domiciles d’une part, et garantir le droit de ces migrants à la protection et à un traitement humain conformément aux législations internationales, a plaidé la Ligue.
La LTDH précise que la cellule devrait associer des représentants des services sécuritaires et judiciaires, des directeurs régionaux des ministères de la santé et des affaires sociales, des membres des instances professionnelles et des organisations de la société civile. Le tout chapeauté par le ministre de l’Intérieur.
Par ailleurs, la section locale de la LTDH a saisi l’occasion pour mettre l’accent sur la nécessité de tenir informé le public du déroulé des événements et de lancer des messages forts et positifs sur l’implication de l’Etat dans le dénouement de la crise et d’accorder une attention particulière à à la suite à donner aux recommandations découlant de cette cellule.
Elle a à ce titre appelé l’Etat à adopter “un plan aux contours clairs” pour résoudre la crise actuelle, tout en préservant les droits respectifs des habitants de Sfax et des migrants subsahariens à la sécurité.
Face à cette crise, il est du devoir de l’Etat de surveiller convenablement ses frontières conformément aux exigences du droit international et des traités relatifs aux droits de l’homme, a fait savoir la Ligue.
Bien plus, ajoute la LTDH, l’Etat est appelé à lutter vigoureusement contre la rhétorique raciste et la montée en puissance du discours d’incitation à la haine et de la “justice privée”, tout comme il est invité à mettre fin aux pratiques des personnes qui “font la loi” au lieu et place de l’Etat.
La Ligue a, par ailleurs, appelé à l’Etat à ne plus se fier à l’approche sécuritaro-judiciaire, “tronquée et à portée limitée”, et à appréhender la question migratoire dans sa globalité en cherchant des solutions efficaces loin de l’empressement et de l’improvisation.
La LTDH appelle tous les habitants de la région à faire preuve de “raison et de retenue ” et à ne pas se faire entraîner dans le bourbier de la violence, tout comme elle a exhorté la population locale à ne pas s’engager dans des campagnes de haine et de racisme.
S’attardant sur les raisons de la montée de tension à Sfax, la Ligue a précisé que la ville a été depuis quelques mois en proie à un afflux massif de migrants subsahariens venant notamment des frontières ouest du pays, “au vu et au su” des organes officiels de l’Etat.
Des migrants se sont installés dans certains quartiers populaires de la région, a relaté encore la Ligue dans sa déclaration, précisant qu’avec la hausse grandissante des expatriés, la tension a monté d’un cran et des actes criminels odieux ont été commis ces derniers jours contre nombre d’habitants de ces quartiers.