Un collectif d’organisations de la société civile a vivement dénoncé le jugement prononcé à l’encontre du journaliste Khalifa Guesmi, estimant que ce procès témoigne d’une politique systématique de musellement de la liberté d’expression, de la presse et d’opinion.
Hier lundi, la chambre spécialisée dans les affaires terroristes près le tribunal de Tunis a rendu un jugement condamnant le journaliste Khalifa Guesmi à cinq ans de prison au sens de la loi antiterroriste de 2015, sur fond de sa publication d’une information dont l’origine était une source sécuritaire.
Dans une déclaration commune publiée, mardi, en réaction à ce procès, les organisations ont mis en garde contre “l’ampleur des violations judiciaires du texte de la constitution et des pactes internationaux ratifiés par la Tunisie “, dénonçant à ce titre ” les procès à répétition dressés contre des journalistes sur la base d’un dispositif juridique fort liberticide en un laps de temps court. ”
Le collectif estime que la peine infligée au journaliste Guesmi dans le cadre de ce procès est la plus lourde dans l’histoire de la presse tunisienne, tout comme elle relève du jamais vu sous les différentes dictatures qui ont gouverné la Tunisie.
Par l’entremise de sa décision, le juge tunisien semble donner un message fort selon lequel le pouvoir est plus que jamais résolu à domestiquer les journalistes et bâillonner les voix libres.
Le collectif rappelle que dans le même procès, la source sécuritaire officielle qui a révélé l’information a également écopé de 10 ans de prison au sens de l’article 62 de la loi antiterroriste, en sa qualité d’auteur principal, estimant que ce jugement favorisera les réflexes d’autocensure des autorités officielles et le blackout médiatique.
Face à la montée en puissance de ces pratiques régaliennes répressives, le collectif a décidé d’organiser une manifestation de protestation jeudi 18 mai, devant le siège du Syndicat des journalistes, pour fustiger la répression de la liberté de la presse et d’opinion.
Il a exhorté les citoyens, activistes des droits de l’homme, journalistes et les mouvements de jeunesse et sociaux à participer massivement à cette manifestation.
Plus de 40 organisations et associations ont signé la déclaration dont notamment la LTDH, le SNJT, l’ATFD, le FTDES, I watch et la Fédération générale de l’information rattachée à la structure syndicale de l’UGTT.