“Le rassemblement de toutes les forces vives du pays autour d’un projet national qui répond aux attentes du peuple tunisien est la seule voie de salut”, a souligné lundi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi.
Dans un discours prononcé lors d’une cérémonie organisée au palais des Congrès à Tunis pour célébrer la fête du travail, le 1er mai 2023, Taboubi a souligné l’importance de lancer un dialogue national basé sur la transparence et la participation effective de toutes les forces vives du pays pour l’intérêt du pays afin d’élaborer un projet national de réformes fondé sur la rupture avec le modèle économique actuel, les ressources propres et la création de richesse.
S’exprimant devant des centaines de syndicalistes venus de toutes les régions du pays, le secrétaire général de l’UGTT a rappelé que la centrale syndicale, l’ordre des avocats, la ligue tunisienne de défense des droits de l’homme et le forum tunisien pour les droits économiques et sociaux ont lancé une initiative visant à faire sortir le pays de la crise et à rassembler toutes les forces vives du pays autour d’un projet national qui garantit la relance économique, le développement, l’équité sociale et l’application de la loi pour assurer la paix et la stabilité et sauver le pays d’une éventuelle faillite.
“Cette initiative sera soumise à la présidence de la république dans l’espoir de lancer un dialogue national sur des réformes réelles dans tous les secteurs pour garantir un enseignement de qualité, les soins à tous les Tunisiens et lutter contre la migration irrégulière des jeunes et la fuite de cerveaux et des compétences nationales”, a fait savoir Taboubi.
Et d’ajouter : “Nous devons aujourd’hui compter sur nos compétences nationales et ne pas céder aux pressions internationales. Nous devons aussi promouvoir l’économie nationale et créer de la richesse à travers le lancement de grands projets à forte employabilité”.
Selon Taboubi, le partage équitable des sacrifices dans le cadre d’un projet national participatif basé sur la valorisation des ressources propres et des compétences nationales et la valorisation du travail est impossible sans l’implication de toutes les forces vives du pays, à l’exception des parties impliquées dans le terrorisme et la corruption.
“L’indépendance de la décision nationale dépend de l’union nationale pour la défense du pays et le rejet de toute ingérence notamment lors des négociations avec les instances internationales”, a-t-il encore ajouté.
D’après Taboubi, après une pause au mois de ramadan, il est temps de reprendre les mouvements de protestation pacifiques pour défendre les droits économiques et sociaux des travailleurs.
Dans ce contexte, il a appelé le gouvernement à mettre en œuvre toutes les conventions signées avec la centrale syndicale pour garantir les droits économiques et sociaux des travailleurs dans tous les secteurs.
Taboubi a souligné l’importance du respect du droit syndical et la garantie de l’indépendance de la justice et d’une presse libre réaffirmant l’attachement de l’UGTT à la démocratie et à la liberté.
“Dans le contexte actuel marqué par la hausse des prix et la détérioration du pouvoir d’achat, il est temps d’appliquer les conventions signées pour la majoration des salaires outre la révision annuelle du salaire minimum garanti, l’augmentation de la subvention accordée aux familles démunies et la majoration des pensions de retraite”, a-t-il indiqué.
“Il est aussi temps de prendre une décision pour sauver l’année scolaire et donner aux enseignants leurs droits”, a-t-il encore ajouté.
Taboubi a assuré que l’arrestation et le harcèlement des syndicalistes et le lancement de campagnes de dénigrement contre la centrale syndicale ne contraindront pas l’UGTT à poursuivre le militantisme pour de nouveaux acquis et droits appelant à libérer les syndicalistes détenus et à arrêter les poursuites judiciaires à leur encontre.
Le secrétaire général de l’UGTT a mis en garde contre le retour à la dictature dénonçant l’expulsion et l’interdiction de syndicalistes internationaux venus, récemment, soutenir la centrale syndicale estimant que ces agissements portent atteinte à la réputation de la Tunisie et illustrent la crise politique que vit le pays notamment en raison du déséquilibre entre les pouvoirs et du monopole de décision.
“L’absence du dialogue ne fera qu’aggraver la crise économique et sociale et approfondir les divisions”, a-t-il prévenu.
Il a, toutefois, salué le discours officiel du président de la république qui a refusé toute diktat imposée par le fonds monétaire international (FMI) en contrepartie de l’octroi de crédits.
“Les mesures imposées par le FMI comme la levée de la compensation, la réduction de la masse salariale et la privatisation des entreprises publiques aggraveront l’appauvrissement du peuple tunisien et augmenteront le taux d’inflation”, a-t-il indiqué.
Il s’est, par ailleurs, interrogé sur l’efficacité des négociations avec le FMI depuis un an et demi dénonçant l’absence de transparence.
“Le gouvernement se doit d’informer le peuple tunisien sur le contenu du programme de réformes présenté au FMI et sur l’avancement des négociations”, a-t-il dit.
Taboubi a signalé que les travaux d’aménagement de la bâtisse de l’UGTT à la place Mohamed Ali à Tunis ont avancé à raison de 80% et devront se terminer bientôt.
Il a, à cette occasion, rendu hommage aux martyrs qui ont sacrifié leur vie depuis la colonisation française pour l’indépendance de la Tunisie.
Il a aussi affirmé le soutien inconditionnel de l’UGTT aux peuples palestinien, libyen et soudanais saluant la reprise des relations avec la Syrie.
La cérémonie s’est tenue en présence de l’ancien secrétaire général de l’organisation syndicale, Houcine Abassi, des membres de la commission administrative nationale et des représentants de la société civile.