Des membres de la société civile en Tunisie ont dénoncé mercredi ce qu’ils qualifient de “discours incitatif “du président de la république Kais Saied contre les migrants de l’Afrique subsaharienne.
Ils ont unanimement déclaré à la TAP, que le discours du président de la république sur les mesures urgentes visant à mettre fin à l’afflux massif des migrants irréguliers de l’Afrique subsaharienne vers la Tunisie, constitue une atteinte aux conventions internationales sur la protection des migrants et à la législation en vigueur sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.
Présidant une réunion du conseil de la sécurité nationale, hier mardi au Palais de Carthage, le président de la république Kais Saied a mis l’accent sur la nécessité de prendre des mesures urgentes pour mettre fin et ” au plus vite ” au phénomène de l’afflux massif de migrants irréguliers de l’Afrique subsaharienne vers la Tunisie, relevant que cette situation est “loin d’être normale “, d’autant plus que la poursuite de l’afflux des migrants irréguliers subsahariens vers la Tunisie a véhiculé une montée en puissance de la violence, de la criminalité et autres pratiques “inacceptables” et répréhensibles par la loi.
La membre du comité directeur de l’association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) Nabila Hamza a affirmé que le discours du président de la république comprend une “incitation à la haine” et à “la discrimination raciale contre les migrants Africains”.
Elle a indiqué qu’un grand nombre de migrants venus de l’Afrique subsaharienne sont arrivés en Tunisie de manière légale, dont notamment des étudiants, investisseurs et autres…
Hamza a également précisé que le nombre d’étudiant africains en Tunisie a nettement régressé au cours de ces dernières années en raison de la montée du discours “haineux et discriminatoire” à leur encontre.
Elle a par ailleurs, dénoncé “les campagnes d’arrestation anarchiques” par des sécuritaires contre des dizaines de migrants africains, sur la base de la “race ou la couleur de peau”, relevant que ces pratiques font “honte à la Tunisie”.
De son côté, la représentante de l’association de défense du droit à la différence Sirine Hammami a déclaré à la TAP a appelé à l’ouverture d’un dialogue avec les organisations de la société civile tunisiennes et Africaines sur le dossier de la migration et des migrants en vue de traiter cette question dans un cadre législatif et des droits de l’homme.
Elle a rejeté les propos véhiculés à propos de l’afflux massif des migrants africains irréguliers en Tunisie, rappelant qu’une étude élaborée par l’institut national de statistiques en 2021, a fait état de 21 500 migrants parmi les étudiants et autres.
Par ailleurs, le porte parole du forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDS) Romdhane Ben Amor avait indiqué le 20 février dernier à la TAP, qu’une campagne d’incitation ciblant les migrants subsahariens en Tunisie, a pris une tournure dangereuse, notamment sur les réseaux sociaux à travers les “influenceurs” et leur partisans parmi les députés et quelques partis politiques.
Il a critiqué le mutisme des institutions de l’état face à cette campagne qui cible les migrants africains, estimant qu’il existe un écart entre le discours officiel qui prône le respect de leur droits et la réalité des pratiques abusives à leur encontre.
Il convient de rappeler que le président de la république Kais Saied avait plaidé hier mardi en faveur d’une action diplomatique, sécuritaire et militaire assortie d’une application stricte et vigoureuse de la loi régissant le statut des étrangers en Tunisie.