La Tunisie connaît aujourd’hui des régressions et des reculs par rapport au projet de l’Etat de droit, de la voie démocratique, du respect des droits et libertés et de l’ , a vivement regretté le bâtonnier des avocats, Hatem Meziou.
Face à ce constat glaçant, la profession d’avocat ne peut faire l’oreille sourde ou rester les bras croisés, notamment à la lumière de la salve des décrets-lois publiés récemment et le retour en force à la pratique des renvois en masse devant les tribunaux.
Lors d’une manifestation de protestation menée par une foule d’avocats, jeudi, au Palais de justice de Tunis, le bâtonnier a réaffirmé l’engagement du barreau à faire face aux différentes formes de tyrannie et à se tenir aux côtés du citoyen afin de construire un Etat civil démocratique fondé sur les valeurs de justice sociale, des droits et des libertés et de l’alternance au pouvoir.
Meziou a ajouté que le décret-loi n°54, qui affecte les droits et libertés, ne peut être toléré ni accepté, fustigeant à ce titre le flot de renvois en masse des avocats, militants politiques et activistes des droits de l’homme et journalistes devenus le lot quotidien des tribunaux.Il est de notre de devoir de rappeler que la profession, comme à l’accoutumée, ne craint plus la rue ni le retour à la lutte pour défendre l’idée d’un Etat civil et démocratique où règne la loi dans le cadre d’une justice équitable, a martelé le bâtonnier.
Dans ce contexte, il a relevé que les juridictions endurent à ce jour une lamentable situation et sont restées sans mouvement judiciaire, ajoutant que nombre d’entre elles sont sans responsables ni procureurs de la République, dont le tribunal de Tunis qui absorbe plus de la moitié des affaires ainsi que la cour d’appel restée à ce jour sans premier président.
Revenant à la loi de finances de 2023, objet de polémique et contestée à cor et à cri par le barreau, le bâtonnier souligne que ce texte nous rappelle le mauvais et triste souvenir de la Medjba, impôt exorbitant et arbitraire à l’origine du soulèvement de 1864, mettant en garde contre les sérieux risques d’éclatement d’une nouvelle révolution.
Néanmoins, s’est exprimé le bâtonnier sur un ton nuancé, il est possible de se mettre sur les rails et de parer au pire, pressant les autorités de rectifier le tir, d’engager des réformes sérieuses et profondes et d’inclure toutes les franges de la société, dont les organisations, dans le cadre d’une approche participative inclusive.