L’actuel dispositif juridico-politique qui prévaut en Tunisie laisse entrevoir ” un sérieux risque de retour aux anciennes pratiques de la torture et de l’impunité “, a averti le président de l’Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT), Chokri Letaïef, faisant état de nombreux cas de décès suspects suite à des actes de ” violence excessive ” et de ” tirs par balles réelles ” lors des opérations de traque policière.
S’exprimant lors d’une conférence de presse tenue, mardi, au siège de l’organisation à Tunis, dédiée à la présentation des rapports d’activités 2021 et 2022 de l’Organisation, Letaief a vilipendé la cheffe du gouvernement Najla Bouden qui,a-t-il dit, s’est abstenue d’assister à toute réunion avec les organisations de la société civile dans le cadre des préparatifs en prévision de la présentation du rapport tunisien sur la situation des droits de l’homme devant le conseil onusien des droits de l’homme à Genève.
Pour le président de l’OCTT, il y a autant d’indices qui laissent peser sur l’avenir ” incertain ” des droits de l’homme en Tunisie.
A ce titre, il cite en exemple, la suspension de la constitution de 2014 et son remplacement par une autre de tendance ” présidentialiste “, la proclamation de l’état d’exception et la préparation d’élections législatives via une instance électorale ” sur mesure ” outre la substitution Conseil supérieur de la magistrature par un autre à caractère ” provisoire “.
Pour sa part, le secrétaire général de l’organisation, Mondher Cherni, a déclaré que 90% des personnes torturées sont des hommes, ajoutant que les cas de torture enregistrés sont répartis entre 65 % des jeunes, 28 % des personnes âgées, et 7% des enfants.
Il a également indiqué que 58% des violations ont été commises dans le district du Grand Tunis et 28% dans le nord-ouest, ajoutant que 70% des violations ont été perpétrées par la police, 16% dans les prisons et 14% par la Garde nationale.
La plupart des violations étant des cas de violence et de mauvais traitement, a-t-il poursuivi.
Cherni a par ailleurs souligné la nécessité de consacrer officiellement l’abolition de la peine de mort, rappelant que les tribunaux tunisiens ont prononcé 48 condamnations à mort au cours de l’année écoulée, ce qui suscite des interrogations encore en suspens sur le silence de la constitution de 25 juillet sur le sort d’une peine privative du droit à la vie.




