Tunisie – Phosphate  : Quand le SG du syndicat des tractionnaires paralyse le transport à cause de son cousin viré !

Le transport du phosphate sur les lignes ferroviaires Sfax, Gabès et Gafsa a été paralysé privant le pays de ressources en devises, oh combien importantes. Cet arrêt brutal et imprévu coûterait à la SNSFT 100 000 dinars/jour.

Le mouvement de protestation des conducteurs des trains, sans préavis préalable, est inexpliqué selon la direction de la SNCFT qui a publié, il y a 4 jours, un communiqué le déplorant.

Ces mouvements, pouvons-nous lire dans le communiqué, ne sont pas conformes aux pratiques d’usage par les syndicats. Les revendications se rapportent aux exigences des syndicats de réactiver la ligne 13 reliant Metlaoui à Sfax fermée à cause des mouvements sociaux et l’augmentation excessive des frais de transport.

Elles concernent également les exigences de multiplier la quantité de lait offerte aux travailleurs dans le sud tunisien, l’augmentation des frais des bons de repas et le réemploi des employés virés.

Mais il y aurait une autre explication au blocage coûteux indigne d’un exercice syndical dans un contexte économique comateux.

Le secrétaire général du syndicat des tractionnaires aurait ordonné au PDG de la SNCFT de réembaucher, au poste de tractionnaire, son cousin sanctionné et muté dans un autre service.

Le PDG n’a pas abdiqué et a appliqué la loi. Réaction : on a remis sur le tapis l’augmentation de l’indemnité lait et d’autres demandes sans autre forme de procès.

Plus de 8 millions de dinars de pertes par jour !

Rappelons à ce propos que la ligne ferroviaire en question transporte 7 000 tonnes de phosphates/jour. Si nous faisons le compte et exportons le phosphate, sans qu’il passe par les raffineries, à 350 dollars la tonne, nous gagnerons 2,5 millions de dollars/jour ce qui équivaut à 8 millions de dinars (MDT). C’est 75 millions de $ par mois soit 240 MDT. Si nous en faisons des engrais, on ajoute 75 $ au prix de la tonne ce qui revient à 30 MDT supplémentaires chaque mois.

Mais il est évident que le sieur SG des tractionnaires n’est pas concerné par les comptes de l’Etat, réembaucher son cousin est plus important quant à la sécurité économique du pays, il n’en a que faire ! Sachant que ces pratiques qui relèvent plus du banditisme que de l’exercice syndical respectable ne peuvent en aucun cas améliorer les conditions de vie des travailleurs ou procurer des postes d’emploi aux chômeurs.

D’un autre côté, il y a la nouvelle usine Mdhilla 2 qui n’ouvre pas ses portes parce que ceux qui ont travaillé dans le chantier veulent y être intégrés. Donc un investissement de 500 MD va partir en fumée, les entreprises qui ont participé à la construction de l’usine risquent de faire faillite parce que l’Etat ne peut pas les payer, les partenaires internationaux intentent des procès contre le pays et exigent des dédommagements et tout cela pourquoi ?

Mieux encore ! Les mines « Om El Khchab » de Mdhilla et celle de Meknassi sont bloquées donc la Tunisie n’arrivera pas à récupérer la capacité de production de 8 millions de tonnes de 2010 qui auraient pu atteindre les 10,5 millions de tonnes si ces deux mines avaient été exploitées.

Mais ce n’est pas fini, encore faut-il pouvoir écouler les stocks de 2,5 millions de tonnes prêts à Erdaief et Om Laarayes au prix de 750 millions de dinars et qui n’ont pas encore été exportés !

Pourquoi cette débâcle, pourquoi cette inaptitude à trouver des solutions définitives et cette incapacité à gérer la production et la distribution du phosphate, vitales aujourd’hui pour la Tunisie ?

Parce que l’Etat est incapable de faire respecter la loi et de convaincre partenaires et réfractaires ! On ne gère pas un pays à coups de discours populistes et des mesures improvisées !

A.B.A