Le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), Jamel Msallem, a estimé que le blocage du processus de la justice transitionnelle en Tunisie, depuis 2011 a doublé le taux d’abus et d’agressions commises dans les lieux de détention, précisant que la culture des droits de l’Homme demeure, cette dernière décennie, en deçà des attentes.
Lors d’une conférence de presse tenue, vendredi, au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Msallem a rappelé que le 8 mai sera marqué par la commémoration de l’assassinat de l’activiste politique Nabil Barakati. Ce dernier a été tué en 1987 par les forces de l’ordre, selon ses dires.
” Le 8 mai devrait être décrétée comme journée nationale de la lutte contre la torture “, a-t-il proposé.
Selon le président de la LTDH, cette dernière étape a été marquée par l’impunité, ce qui va à l’encontre du principe de la justice transitionnelle qui a pour but d’établir la vérité, garantir le non retour de la récidive et l’éradication des abus.
Plus de 770 plaintes relatives à l’agression de l’intégrité physique allant jusqu’à la torture sont parvenues à la Ligue, a-t-il fait savoir, estimant que la législation en lien avec la lutte contre la torture en Tunisie n’est pas conforme aux accords internationaux.
De son côté, Ckokri Letaief, président de l’Instance nationale pour la prévention de la torture (INPT), créée en 2013, a déclaré que la maltraitance et la torture n’ont pas cessé en Tunisie, voire même augmenté, rapports mensuels à l’appui.
Il a aussi indiqué que l’INPT examine, tous les semestres, 25 affaires ces dernières années, ce qui est énorme, selon lui.
” La Tunisie recense aujourd’hui plusieurs cas de mort suspecte, notamment celle de Issam Nouri, Abderraouf Khamassi, Monôm Zayati, Anouar Sokrani, Omar Abidi ou encore Abdessalam Zayan, a-t-il énuméré.
Pour sa part, Oussama Bouajila, représentant de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a indiqué qu’ ” il existe en Tunisie une justice parallèle : une pour les riches et une autre pour les pauvres “, soulignant que les crimes de torture ne sont pas traités de manière sérieuse.
Depuis 2011, aucune plainte n’a abouti à une enquête sérieuse, a-t-il ajouté.