Des dirigeants du mouvement du 25 juillet, qui soutient le président de la République Kaïs Saïed, ont appelé le Chef de l’Etat et les magistrats à activer une ” reddition des comptes effective et réelle” sur les dossiers de la ” décennie noire ” du pouvoir post-2011, avant d’achever le programme politique comprenant le dialogue national, le référendum sur la Constitution et les élections législatives.
Ils ont souligné, lors d’une conférence de presse, tenue jeudi soir à Tunis, qu’aucune reddition des comptes n’a été effectuée par la Mouvement Ennahdha et tous ceux qui ont gouverné avec lui, entre partis politiques et personnalités impliquées dans le ” sombre bilan ” du pouvoir et dans les dossiers de corruption, d’appropriation de l’agent public, des aides et des dons étrangers ainsi que le terrorisme, l’envoi de djihadistes, les assassinats politiques, la falsification de diplômes et les autres affaires qui ont plongé le pays dans une crise après le 14 janvier 2011, ont-ils dit.
Ils ont invité toutes les parties qui soutiennent leur mouvement à participer à une action populaire massive qui sera organisée le 8 mai pour appuyer les revendications de reddition des comptes et le processus du 25 juillet.
Kamel Harrabi, Secrétaire général du mouvement du 25 juillet, a également appelé à soutenir la décision du président Saïed d’instaurer une IIIème République, soulignant que ” le président doit prendre l’initiative pour éviter que le sentiment de frustration ne s’aggrave “.
Et d’ajouter : ” Nous attendons que le président prenne de nouvelles mesures qui impliquent une véritable reddition des comptes. Le président a une opportunité historique qui lui permet d’avoir toute la rue de son côté “.
S’agissant du dialogue national, Mahmoud Ben Mabrouk, chef du bureau politique du mouvement du 25 juillet, a déclaré : ” Nous ne dialoguons pas avec les traîtres et avec ceux qui ont appauvri et vendu le pays pendant 10 ans “.
” La porte du dialogue avec eux doit être fermée, tant qu’ils ne rendront pas des comptes sur bon nombre de dossiers, dont les assassinats politiques, la chambre noire au ministère de l’Intérieur et la collaboration avec l’étranger “, a-t-il lancé, affirmant que ” les opposants au processus du 25 juillet contrôlent de nombreux secteurs, dont les syndicats. ”
De son côté, Farouk Khalafawi, chef de la commission de presse et porte-parole officiel du mouvement du 25 juillet, a annoncé que des sit-ins seront observés toutes les semaines pour demander des comptes à ” ceux qui ont pillé, affamé et envoyé les jeunes vers les foyers de tensions “.
Pour sa part, Naïma Bacha, dirigeante au bureau national du mouvement du 25 juillet, a déclaré : ” Le président de la République est venu pour construire une nouvelle Tunisie, et voilà que nous nous sommes retrouvés confrontés à un coup d’Etat dont nous sommes les victimes “, a-t-elle dit en allusion à la plénière virtuelle du Parlement dissous pour annuler tous les décrets pris par le président de la République depuis le 25 juillet 2021.
” Comment le référendum se tiendra-t-il, alors que nous sommes encore occupés et gouvernés par des gens qui rampent aux portes des ambassades “, s’est-elle demandée.
Abderrazek Khalouli, chef du bureau régional de Tunis 1 du mouvement, a dit craindre que le processus du 25 juillet ne s’effondre en l’absence de reddition de comptes, ” qui doit inclure tous ceux qui ont abusé du pouvoir et se sont enrichis illicitement depuis 2011, y compris Hamma Hammami, Secrétaire général du Parti des travailleurs, et Néjib Chebbi, chef du parti Amal “.
Une quinzaine de responsables et plusieurs militants de base du mouvement du 25 juillet ont participé à la conférence de presse et au café politique qui a suivi, dont notamment Ridha Mamoun et Mohamed Balti, qui se sont présentés comme proches du président Saïed.