La coordination des partis démocratiques regroupant les partis Al-Jomhouri, le Courant démocrate et Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés) a organisé, vendredi, un rassemblement de protestation, à Tunis, à l’occasion de la célébration du 11e anniversaire de la révolution pour protester contre la feuille de route annoncée, le 13 décembre courant, par le président de la République et réclamer le retour du processus démocratique.
Ces partis politiques avaient prévu d’organiser leur rassemblement de protestation en face du Théâtre municipal, mais ils ont été empêchés d’y accéder par les forces de l’ordre. Ils ont été informés que leur rassemblement sera organisé au niveau de la Place du 14 janvier, près de celui de l’initiative “Citoyens contre le coup d’Etat”. Cela a suscité l’indignation des participants à ce rassemblement qui ont essayé d’accéder à l’Avenue Habib Bourguiba par l’Avenue de Paris.
Des dizaines de partisans de la coordination des partis démocratiques se sont rassemblés pour dénoncer les orientations et les récentes décisions du président de la République Kaïs Saïed, brandissant des slogans comme “Le droit d’expression est obligatoire” et “Nous n’abandonnerons pas notre droit”. L’accès à l’Avenue Habib Bourguiba leur a été interdit par les forces de l’ordre, ce qui a provoqué des bousculades entre les partisans de ces partis politiques et les forces de l’ordre.
Dans une déclaration à l’agence TAP, Hichem Ajbouni, député et dirigeant au Courant démocrate, a estimé que ” cette interdiction constitue une restriction des libertés et une soumission aux instructions de Kaïs Saïed à travers le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, pour faire taire l’opposition”.
De son côté, le Secrétaire général du parti Al-Jomhouri, Issam Chebbi, a déclaré qu’il s’agit d’une discrimination politique de la part du ministre de l’Intérieur, soulignant son refus au “pouvoir individuel qui annule tous les acquis, les droits et les libertés de l’Etat civil”.
“Nous avons été empêchés de mener notre mouvement pour permettre aux partisans du chef de l’Etat d’organiser le leur sur l’Avenue Habib Bourguiba, ce qui marque le retour de l’Etat clientéliste”, a-t-il déploré.
Les trois partis politiques ont, par ailleurs, tenu un point de presse à l’Avenue de Paris, une ramification de l’Avenue Habib Bourguiba pour expliquer ce qui s’est passé.
“Nous allons continuer notre combat pour la démocratie et avons décidé de reculer afin de ne pas entrer en conflit avec les forces de l’ordre”, a-t-il affirmé.
Pour sa part, Nabil Hajji, dirigeant au Courant démocrate, a déclaré :”en nous interdisant d’excercer notre droit au rassemblement, nous ne sommes plus des citoyens mais des sujets ne participant pas à la prise de décisions”.
“Kaïs Saïed a pris pour cible les partis politiques et oeuvre pour éliminer tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui. Même l’Union générale tunisienne du travail n’a pas été épargnée”, a-t-il regretté.
Pour Khalil Zaouia, Secrétaire général du Parti Ettakatol, a expliqué que les positions de la coordination des parties démocratiques divergent avec l’initiative “Citoyens contre le coup d’Etat” en ce qui concerne les décisions de Kaïs Saïed du 25 juillet.
“Nos objectifs et nos revendications concernent le rétablissement du processus constitutionnel”, a-t-il dit, soulignant le refus du décret présidentiel n°117.
L’Avenue Habib Bourguiba a accueilli, à divers endroits, différentes manifestations célébrant le 11e anniversaire de la Révolution. Les manifestants ont été séparés par des barrières pour sécuriser les mouvements de protestation et éviter d’éventuels affrontements entre les partisans du chef de l’Etat et ses opposants.