La présidente de l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement, Moufida Abbasi, a déclaré aujourd’hui, lundi, que le phénomène de la violence contre les adolescentes et les filles reste un sujet passé sous silence dans la société tunisienne et nécessite une stratégie et des programmes de prévention spécifiques.
Elle a souligné lors d’une rencontre à Tunis organisée dans le cadre de l’adhésion de la Tunisie à la campagne des 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, que l’association a décidé de débattre du phénomène des violences faites aux adolescentes et aux filles compte tenu de son impact sur cette catégorie vulnérable qui n’est pas protégée contre le harcèlement dans les différents espaces (maison, école, rue et espaces de formation).
Elle a poursuivi que le silence règne lorsqu’on évoque la violence contre les adolescentes, que ce soit à la maison ou à l’école, et qu’il n’y a pas d’approche sérieuse pour résoudre ce problème malgré l’âge critique de cette catégorie qui a besoin de plus d’attention et d’appui psychologique.
Abbasi a ajouté que le Centre d’écoute relevant de l’Association reçoit des plaintes concernant la violence à l’égard des femmes de tous les groupes d’âge et de tous les groupes sociaux, mais le contact des filles avec le centre demeure limité et faible.
Parmi les problèmes relevés figure l’absence de chiffres et de données sur la violence à l’égard des filles, a-t-elle ajouté, soulignant qu’une étude menée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Tunisie il y a deux ans a démontré qu’environ 80 pour cent des enfants sont exposés à la violence au sein de la famille et que les parents considèrent les punitions corporelles comme le premier moyen d’éducation.
Moufida Abbasi a critiqué l’absence de programmes spécifiques et d’une stratégie pour prendre en charge ce groupe, en plus de l’absence de dialogue sur la violence contre les adolescentes, appelant à consacrer des émissions qui traitent de ce phénomène dans les médias. Pour sa part, le délégué général à la protection de l’enfance, Mehyar Hammadi, a expliqué que la violence basée sur le genre consiste en la discrimination entre les hommes et les femmes dans la société.
Il a indiqué qu’en vertu de la loi organique n°61 de 2016 relative à la prévention de la traite des êtres humains, les délégués à la protection de l’enfance contribuent au suivi des cas de traite d’enfants et informent l’instance nationale de lutte contre la traite des personnes ainsi que les autorités judiciaires.
Selon Mehyar Hammadi, l’exploitation économique des enfants est la principale forme de traite (Sur les 181 signalements reçus, la moitié porte sur l’exploitation économique) et l’exploitation sexuelle arrive en deuxième position avec 25,4 pour cent dont 20,9 pour cent des filles.