Le politologue Mohamed Hanachi estime que la décision du président de la République de proclamer le 17 décembre jour de célébration de la fête de la révolution, à la place du 14 janvier, prouve son alignement aux côtés des catégories marginalisées. De plus, le président Kais Saied dont la popularité a baissé, à en croire les dernières statistiques fournies par les instituts de sondages, choisit de puiser dans la légitimité révolutionnaire.
Dans une déclaration à l’agence TAP, il a ajouté que Saied, qui refuse le dialogue avec les composantes du paysage politique, veut avoir le soutien de la rue en déclarant, à plusieurs reprises, que la date de la révolution est bel et bien le 17 décembre.
Ce changement de date ne change pas l’histoire, a-t-il estimé. L’histoire est écrite par les historiens, non pas par les hommes politiques et l’essentiel des révolutions c’est leur aboutissement.
Selon Hanachi, la révolution a réellement commencé avec les événements du bassin minier, deux ans auparavant (2008), suivis du soulèvement du 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, après quoi toutes les catégories sociales et toutes les composantes de la société civile et politique sont descendues protester dans la rue (14 janvier 2011).
La décision du Saied, annoncé jeudi, lors du conseil des ministres de changer la date de la fête de la révolution a suscité différentes réactions.
Certaines parties politiques estiment que la date de la fuite de l’ancien président de la République Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, ne doit pas passer sous silence. D’autres s’interrogent, sarcastiquement, sur le lien entre cette décision et l’amélioration des indicateurs économiques et du taux de croissance.
Le 17 décembre 2010 est le jour où le jeune Mohamed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid s’est immolé par le feu, en signe de contestation réaction contre la saisie de sa marchandise. Des mouvements de protestation ont éclaté dans toutes les régions appelant au renversement du régime.