Dans son documentaire “Aza Kivy” (Etoile du matin), dans la course pour le Tanit d’or des Journées Cinématographiques de Carthage, le réalisateur Malgache Lova Nantenaina part à la rencontre des peuples de la mer dans son pays.
L’appellation “Aza Kivy” en Malgache renvoie au nom d’une étoile, Basia Be, qui désigne l’étoile du matin. Les pêcheurs malgaches décorent leurs pirogues par des étoiles et chaque étoile à son nom.
Le réalisateur parle de “deux peuples qui luttent contre l’installation d’une multinationale minière, le peuple Veso, majoritairement des pêcheurs, et celui de la forêt. Il explique une lutte qui concerne “plusieurs villages du Sud-Ouest de Madagascar, unis par la lutte contre ce projet”.
Lova Nantenaina, originaire de la Capitale malgache, Antananarivo, a suivi sur des mois, la situation, toujours d’actualité, sur ces territoires et leurs populations qui mènent la lutte pour garder les richesses des terres des ancêtres. Les habitants refusent l’installation d’une exploitation minière et défendent leurs terres au risque d’être déterrés, spoliés, assoiffés et emprisonnés.
Les pêcheurs usent de tous les moyens possibles pour empêcher Base Toliara, compagnie australienne qui planifie de construire un port et déloger les 8 000 habitants. La présence australienne s’ajoute aux problèmes de la pêche de 300 Chalutiers chinois ce qui a causé une pénurie des stocks de poisson.
Cette double invasion des villages et de l’héritage des peuples malgaches a eu ses répercussions sur leurs voisins de la forêt qui fabriquent les canoës de pêche. Les militants de l’environnement s’associent à cette lutte pour préserver les terres et les habitants.
Leur courage va payer, puisque ce combat de longue haleine a fini par être entendu par les forces politiques au pouvoir. La médiatisation de leur question a aussi contraint le gouvernement à envoyer une délégation sur les lieux.
Le documentaire est rythmé de chants et de scènes de la vie quotidienne qui documentent la culture de ces peuples autochtones qui risque d’être rayée de la carte.
Lova Nantenaina est un spécialiste du documentaire qui est auteur de plusieurs courts métrages et un premier long-métrage “Ady Gasy – The Malagasy Way” (2015). Il est un diplômé en sciences sociales qui s’est reconverti à l’audiovisuel après avoir intégré l’Ecole de cinéma de Toulouse (ESAV).
Dans Aza Kivy, il jette la lumière sur le calvaire des populations des villages voisins sur la côte du Sud-ouest malgache. Dans le documentaire, l’un des jeunes lance: “on est prêts à mourir que d’abandonner nos terres”.
Les villageois mènent une luttent acharnée contre l’installation d’un projet minier avec des risques de radioactivité graves à la santé et à tout l’écosystème de la faune aquatique.
Sur la plage sacrée d’Andaboy, la lutte est aussi pour préserver l’héritage des ancêtres et des générations futures. L’exploitation sauvage des ressources naturelles a fait des ravages dans les villages et leurs habitants en proie à la pauvreté malgré la richesse de leurs terres.
Ce documentaire est l’oeuvre d’un réalisateur engagé qui milite pour la cause des populations de ce pays insulaire de la Côte Sud-Est de l’Afrique et les questions de l’environnement sur le Continent.
La situation au Madagascar est identique à celle dans beaucoup d’autres pays sur le Continent africain où les populations des zones côtières sont touchées par les ravages de projets des multinationales et de la pêche sauvage des grands chalutiers.