JCC : Une bien triste vitrine ! 

Par : Autres

Tunis a vécu au rythme des JCC ! On a nettoyé les rues, ramassé les ordures et sorti de vieux drapeaux pour décorer l’avenue, le temps de quelques jours sous les projecteurs…histoire de se donner bonne conscience devant les caméras du monde entier ! 

Par Karima Saoudi Mezzi 

Tous les yeux étaient braqués pour voir déambuler, sur le fameux tapis rouge, un parterre de stars bien coiffées, bien maquillées, posant avec grâce et volupté sous les projecteurs, espérant susciter l’admiration du plus grand nombre d’internautes. Un festival de prises de photos, de robes en strass et en paillettes. Un milieu artificiel qui brille de mille feux mais où la concurrence se fait rude.

Sur les écrans ? Une brochette de beaux films accessibles à une petite classe privilégiée du milieu.

Ey… et après ? Derrière le rideau ?

Après ? Un vide culturel effrayant ! Un vide abyssal ! Aucune initiative pour encourager la culture ni le cinéma. Aucune projection même dans les proches banlieues et dans les grandes villes. Que dire de l’intérieur du pays. L’impression que tout s’est fait à huis clos, en catimini. Comme si des remparts invisibles s’étaient dressés autour du festival des JCC, loin du regard assoiffé des amoureux de culture à l’affût du moindre soupçon de manifestations culturelles dans leur ville.

Un appauvrissement de la culture et de la pensée. Le néant ! Les salles de cinéma ferment les unes après les autres ! Deux salles de cinéma dans toute la région du Sahel.

Un projet non rentable nous dit-on ! 

Pour s’enrichir, la tendance est aux sandwicheries et aux salons de thé où l’on peut confortablement médire, critiquer et encore casser du sucre sur le dos des autres comme on dit. Grand sport national.

Des élèves et des étudiants condamnés pendant les vacances à se trimbaler de cours particuliers en cours particuliers, et au meilleur des cas, doivent débourser 13 dinars et même parfois plus pour aller voir un film dans une des rares salles qui subsistent à la crise. 13 dinars ! Et pour compenser cette misère culturelle, notre jeunesse va se noyer dans la médiocrité télévisuelle de S. F.

Ailleurs, de l’autre côté de la Méditerranée, des abonnements de cinéma, des projections à profusion pendant les vacances scolaires. Des premières de film à des prix symboliques. Des projections à ciel ouvert et gratis. Des concerts, une fête de la musique…

Deux cultures diamétralement opposées.

Et dire qu’on a un ministère entièrement réservé à la culture ! Alors de grâce, ne vous étonnez plus de constater une hausse de la violence, des braquages et de la criminalité. Ouvrez des cinémas, vous fermerez des prisons !

A vous Mme la ministre de notre soi-disant culture… Les JCC devraient illuminer tout le pays, devraient concerner les jeunes et les moins jeunes, du nord au sud, et d’est en ouest, et non pas réserver l’accès à une extrême petite frange de la société et se limiter à mettre la lumière sur des robes et des paillettes.

Wejh sou9 !

KSM