La visibilité du cinéma du Sud dans l’espace francophone est le thème central d’une rencontre, mercredi, à la Cité de la Culture à Tunis où se déroulent la majeure partie des Journées Cinématographiques de Carthage qui se tient du 29 octobre au 06 novembre 2021.
Les JCC constituent cette année une plateforme de débats et d’échange sur un Cinéma africain qui peine à trouver une véritable place au sein de l’espace francophone dans sa diversité multiculturelle et géographique.
La rencontre sur les JCC et la Francophonie a fait le point sur l’état des lieux des cinémas du Sud qui peinent à se positionner dans un espace francophone multiculturel.
Baba Diop, journaliste et critique de cinéma sénégalais, a largement abordé la question du cinéma francophone et de la diversité linguistique. Il admet que “le cinéma est l’un des observatoires de nos joies, de nos angoisses existentielles, de nos colères, de nos passions, de nos visions du monde…Il est également un lieu de projection du futur, donc de l’anticipation”.
Le cinéma dit francophone se trouve dans une position parfois ambigüe dans sa relation avec la langue de Molière. Pour Baba Diop, “la francophonie est née d’un paradoxe qui réunit sous le même toit, diversité et unicité, deux notions apparemment divergentes “.
Dans ce sens, il explique que le paradoxe n’exclut pas la possibilité d’être réunis dans la diversité, notamment pour l’industrie du film, car ” la diversité reste le socle des cinémas francophones”.
Baba Diop revient sur l’œuvre cinématographique et littéraire de son compatriote Osmane Sembène, écrivain et cinéaste, qui dit-il, ” avait conscience que la langue est le ciment de toute culture “.
Tout en revenant sur le principe de base duquel est née la Francophonie, Emna Mrabet, universitaire tunisienne, fait une lecture de la circulation des films dits maghrébins dans les festivals francophones.
De Paris à Montréal en passant par la Suisse, les films portés par des cinéastes et des acteurs de la Diaspora sont largement présents les festivals francophones.
Mrabet révèle une réalité bien plus profonde que d’être présent ou primé dans ces festivals.
Cette belle image des films cache bien des contraintes qui se rapportent aux coulisses de la coproduction et au circuit de la distribution du film francophone de la diaspora maghrébine et africaine.