L’avenue Habib Bourguiba au centre ville de Tunis s’est parée de toute sa beauté en couleurs et lumières pour célébrer samedi soir en liesse à la cité de la culture Chedli Klibi les retrouvailles avec les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) dans leur 32ème édition: une édition échaudée depuis deux ans par les annulations et les reports en cascade de toutes les manifestations artistiques et culturelles à cause de la pandémie de la covid 19.
Jury, invités de tous bords, vedettes et stars de la Tunisie et d’ailleurs, tapis rouge ont été de retour pour fêter les noces du Cinéma en Tunisie qui se poursuivent jusqu’au 6 Novembre 2021 avec le hashtag “Cette année on revient au cinéma”.
En célébrant la magie retrouvée du cinéma dans tous les espaces et salles de cinéma qui réouvrent en grande pompe leurs portes devant les cinéphiles, les JCC qui se sont ouvertes avec un film du Tchad “Lingui, les liens sacrés ” (2021) de Mahamat Saleh Haroun, donnent un nouveau rendez-vous après deux années blanches à près de 750 films courts et longs inscrits pour la compétition officielle qui mettent en avant les cultures, les talents et des histoires fortes.
La cérémonie d’ouverture de la première édition des JCC après le Covid 19 a été marquée par la présence de la ministre des affaires culturelles Hayet Guettat Guermazi qui, dans une déclaration aux médias, s’est dite très flattée de retrouver de nouveau la joie de vivre à travers le cinéma et de voir ce beau monde venir assister à ce festival, après ces longues périodes d’interruption et de confinement. Déclarant l’édition ouverte, la ministre a tenu à mentionner que le retour des JCC cette année est d’une certaine façon une manière de reprendre tout le gout de la vie culturelle dont on a été privés ces deux dernières années.
Placée sous le signe” Rêvons, Vivons”, la cérémonie animée dans l’humour par l’acteur, réalisateur et producteur tunisien Nejib Belkadhi a été une occasion pour le directeur du festival Ridha Béhi pour rappeler que la la tenue de la session 2021 dans des conditions sanitaires, économiques et sociales exceptionnelles, fut un grand défi. “Nous nous sommes tous battus pour ne pas suspendre le festival en veillant à assurer toutes les conditions sanitaires afin de préserver la santé de tous; en renouvelant ce rendez-vous avec plus de joie, de vivacité, d’innovations et de découvertes”.
Ayant fait ses débuts dans le film “Les silences du palais” de Moufida Tlatli sacré Tanit d’Or des JCC 1994 et dans un témoignage émouvant la célèbre actrice Hend Sabri a rendu un vibrant hommage à la mémoire de sa chère “Moufa”; la célèbre monteuse; scénariste et réalisatrice tunisienne Moufida Tlatli (1947-2021) qui a contribué à l’émergence de toute une génération d’acteurs et d’actrices .
La cérémonie d’ouverture a été une occasion également pour rendre hommage à plusieurs hommes de cinéma et critiques. Ainsi, le Tanit d’Or en titre de reconnaissance à son parcours artistique a été remis à l’actrice égyptienne Nelly Karim. Deux tanits d’or pour la critique ont été décernés au critique tunisien Khemais Khayati et à une figures de proue de la critique cinématographique africaine, Baba Diop. Le Tanit d’Or en considération pour ses efforts en matière de diffusion télévisuelle a été rendu à Anwar Sadek Sabbah.
Dans des clins d’oeil des hommages ont été rendu aux soldats de l’ombre à savoir les techniciens dont le non ne figure que dans les génériques des films. Les tanits ont été remis à Nasreddine Shili ( acteur et réalisateur), Hajer Bouhawala (maquillage), Bahri Rahhali (acteur), Hassan Tebbi (machiniste) et Chekra Rammah (actrice)
Des membres du gouvernement, des représentants du corps diplomatique, les figures du cinéma, des instagrammeuses et tous les invités ont pu par la suite assister à la projection du film d’ouverture “Lingui, les liens sacrés ” (2021) de Mahamat Saleh Haroun qui s’est dit très touché et honoré que son film déjà présenté en compétition au festival de Cannes 2021, ait été choisi comme film d’ouverture. Depuis trente ans qu’il fait des films, le cinéaste a tenu à souligner qu’au delà de cette reconnaissance, il s’agit d’un geste politique dès lors que son oeuvre traite de la régression des droits des femmes, un film qui dit-il ne concerne pas seulement la condition féminine au Tchad mais aussi en Tunisie, au Maroc, en Algérie ou encore en Amérique Latine.