La loi électorale, qui pourrait faire l’objet d’un amendement selon le décret présidentiel 117, est considérée, par la majorité des acteurs politiques, comme l’une des principales causes de la crise politique ayant marqué la décennie écoulée.
Ils estiment que la loi électorale en vigueur a donné lieu à une scène politique et parlementaire hétérogène provoquant une profonde désaffection des Tunisiens envers le politique.
Selon ses discours, le président de la République Kaïs Saïed porte une vision différente sur la démocratie et la scène politique et parlementaire en Tunisie. Cette vision repose sur le pouvoir local et sur un scrutin uninominal auquel s’opposent plusieurs partis politiques et acteurs de la société civile.
L’amendement de la loi électorale et la possibilité de mettre en oeuvre la vision du président de la République ont été au centre d’un colloque organisé samedi, à Tunis, par l’organisation “Jeunes socialistes” relevant du parti Ettakatol et placé sous le thème “La crise politique et le rôle des partis sociaux”.
Au cours de ce colloque, il a été souligné que la vision que porte le chef de l’Etat “n’est pas suffisamment claire” et soulève plusieurs questions.
Dans ce contexte, Mehdi El Euch, chercheur à l’association The legal agenda (Agenda juridique) a estimé que la loi électorale et le mode de scrutin adopté ne sont pas à l’origine de la crise politique en Tunisie. Selon lui, la faiblesse de la classe politique ainsi que son incapacité à mobiliser les électeurs de manière à éviter la fragmentation politique et à garantir un paysage parlementaire stable, sont les principales causes de la crise, dix ans après la Révolution.
Pour sa part, le secrétaire général du réseau Mourakiboun, Seifeddine Abidi, a fait observer que le changement des systèmes politique et électoral ne peut pas se faire par des formulaires ou des plateformes virtuelles. Ces questions doivent être examinées dans un cadre académique et politique, a-t-il dit.
Le projet dont parle Kaïs Saïed “n’est pas clair et ne peut pas être appliqué”, a indiqué Seifeddine Abidi, ajoutant que le code électoral n’est qu’une composante du système électoral qui compte 35 textes devant être, selon lui, absolument révisés.
Il a, dans ce sens, évoqué la question du financement des partis politiques, mettant l’accent sur la nécessité d’accorder des financements aux partis politiques de manière garantissant le droit de chaque parti de mener sa campagne électorale.
Le secrétaire général de Mourakiboun a recommandé, par ailleurs, de réglementer les secteurs de l’audiovisuel et des sondages d’opinion et de renforcer le rôle de la Cour des comptes pour qu’elle soit en mesure de rendre des jugements exécutoires immédiatement.