Le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price, a évoqué, jeudi 7 octobre 2021 lors d’un point de presse, une “préoccupation et déception” face aux rapports récents en provenance de la Tunisie, faisant état d’atteintes à la liberté de la presse et d’expression et de recours à la justice militaire pour l’examen d’affaires impliquant des civils.
“Le gouvernement tunisien se doit de respecter ses engagements en termes de protection des droits humains tel que stipulé dans la Constitution tunisienne et affirmé par le décret présidentiel 117”, a ajouté Ned Price dont les déclarations ont été rapportées sur la page Facebook de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique en Tunisie.
“Nous exhortons aussi le président de la Tunisie et la nouvelle cheffe du gouvernement de répondre aux revendications des Tunisiens pour (l’élaboration d’) une feuille de route claire et un retour au processus démocratique transparent, impliquant la société civile et les différents acteurs politiques”, a-t-il encore dit.
Le président de la République, Kais Saied, a reçu, le 4 septembre dernier, une délégation du Congrès américain, conduite par les sénateurs Chris Murphy et Jon Ossoff (parti démocrate en Géorgie). Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’Etat a souligné que les mesures exceptionnelles annoncées, le 25 juillet dernier, s’inscrivent dans le cadre du respect total de la Constitution, contrairement aux fausses allégations et aux informations “erronées” et “mensongères” relayées à ce sujet, assurant que ces mesures “visent à protéger l’Etat tunisien contre toute tentative destructrice”.
L’ambassade des Etats Unis à Tunis avait publié, pour sa part, un compte rendu de la rencontre des deux sénateurs avec le président Kais Saied ainsi que des représentants des organisations de la société civile et des membres de l’Assemblée des représentants du peuple.
Il y est indiqué qu’à l’occasion de ces rencontres, les deux sénateurs ont affirmé que les Etats-Unis partagent l’aspiration du peuple tunisien à un gouvernement démocratique qui soit réceptif aux besoins du pays dans un contexte de crise économique et sanitaire. Les deux sénateurs ont appelé également à rétablir le processus démocratique et à adopter des réformes globales en partenariat avec les acteurs politiques tunisiens et les composantes de la société civile, avait souligné la même source.
Rappelons que le président Saied avait reçu le 13 août dernier une délégation officielle américaine conduite par l’adjoint du conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Jonathan Finer, qui était porteur d’un message écrit du président américain Joe Biden au président de la République.
Le 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed a annoncé une série de mesures exceptionnelles en se référant à l’article 80 de la Constitution. Il a décidé la suspension de toutes les activités du parlement pendant 30 jours, la levée de l’immunité parlementaire des députés et la révocation du chef du gouvernement Hichem Mechichi.
Un mois plus tard, il a décidé la prolongation de la période d’application des mesures exceptionnelles.
Le 22 septembre, il a promulgué un décret présidentiel (n°2021-117) portant sur de nouvelles mesures exceptionnelles, dont le maintien de toutes les activités du parlement suspendues, le maintien de la levée de l’immunité parlementaire des députés et la suspension de toutes les indemnités et avantages accordés au président du parlement et aux députés. Il a été également décidé, la suppression de l’instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi.
Le président Saïed se charge, dans le cadre de ce décret, de l’élaboration de projets de révisions relatives aux réformes politiques, avec le concours d’une commission dont l’organisation est fixée par décret présidentiel.