Une vingtaine d’associations tunisiennes ont mis en garde le président de la République Kaïs Saïed contre le risque de continuer à “resserrer son emprise sur les rênes du pouvoir” sans préciser la durée des mesures exceptionnelles qu’il a décidées de proroger le 22 septembre courant pour une durée indéfinie.
Dans une déclaration commune, publié, mardi, ces associations appellent le président Saïed à adopter, pour la nomination du prochain chef de gouvernement, le critère de la compétence, loin de la logique d’allégeance et de favoritisme qui a rongé les institutions de l’Etat au cours des dix dernières années afin que la Tunisie puisse sortir de la crise économique et sociale étouffante auquel elle fait face et accélérer la mise en place des réformes politiques.
Les associations signataires mettent l’accent sur le fait que l’absence, depuis l’annonce de ces mesures, d’une action rapide et décisive pour amener les personnes les plus impliquées dans les affaires de corruption et les hors-la loi à rendre des comptes et la publication, le 22 septembre courant, du décret présidentiel 117 suscitent “des craintes légitimes”.
Elles disent craindre surtout “la monopolisation du pouvoir, les menaces relatives aux acquis constitutionnels qui peuvent en résulter et qui sont le résultat de la concentration de tous les pouvoirs entre les mains du chef de l’Etat et l’absence de contre-pouvoirs, tant législatif qu’exécutif”.
Les Associations expriment leur profonde préoccupation du fait que le président de la République se limite à consulter quelques personnalités proches sur les questions juridiques, politiques, économiques et sociales décisives pour l’avenir de la Tunisie.
Ils l’exhortent à élargir le cercle des consultations et de dialogue pour y faire contribuer des Tunisiens “patriotes”, en particulier les hautes compétences et les personnalités intègres dont regorge le pays dans divers domaines et qui sont connues pour leur indépendance vis-à-vis des différents lobbies ainsi que des représentants de partis politiques qui jouissent d’une bonne crédibilité auprès du peuple et qui ne sont pas impliqués dans des affaires de corruption.
Elles réaffirment, par ailleurs, la nécessité de respecter la liberté d’expression et de presse, acquise grâce à la Révolution de la liberté et de la dignité, et lancent un appel pour que les journalistes et les médias aient accès à l’information afin de mettre fin aux rumeurs résultant de l’absence d’informations exactes recueillies à la source et d’empêcher les agressions dont sont victimes les journalistes pendant l’exercice de leur travail.
Les signataires mettent en garde, aussi, contre le danger que représente certains médias qui continuent à diffuser de manière illégale, et, à leur tête la chaîne “Zitouna” proche du Mouvement Ennahdha, et la chaîne “Nessma TV”.
Elles dénoncent également le fait que ces deux chaînes et un certain nombre d’autres médias continuent à induire en erreur l’opinion publique et à inciter les Tunisiens à la haine à des fins partisanes.
Les associations considèrent que des lobbies, qui utilisent les médias comme tremplin pour atteindre leurs ambitions politiques, ont grandement contribué à entraver le processus démocratique et à attiser la crise politique, économique et sociale étouffante dans le pays.
Elles estiment, toutefois, qu’aucune mesure visant à réparer les dommages causés par les gouvernements successifs et les partis ayant dirigé le pays au cours des dix dernières années ne peut aboutir en l’absence d’un programme de travail auquel contribueront les experts les plus compétents et des représentants de la société civile.
“Ceux qui ont gouverné pendant la dernière décennie ont gravement porté atteinte aux valeurs des droits humains et à la démocratie, ont contribué à la propagation du clientélisme et de l’anarchie dans la société et ont poussé la Tunisie au bord de la faillite et du chaos”.
Parmi les associations signataires, figurent l’Association “Attalaki” pour la liberté et l’égalité, l’Association “Beity”, l’Association Citoyenneté, Développement, Cultures et Migrations Des Deux Rives, l’Association tunisienne de soutien aux minorités, le Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique, l’Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat, l’Organisation 23_10 de Soutien au Processus de la Transition Démocratique, l’Organisation contre la torture en Tunisie, l’Association tunisienne de défense des libertés individuelles, l’Association Vigilance pour la démocratie et l’Etat civique etc…