Chris Murphy, ce sénateur démocrate US libéral décrit comme légèrement populiste, s’est invité avec d’autres parlementaires en Tunisie pour “sauver la démocratie islamiste“ (sic) « dégommée » un certain 25 juillet par Kaïs Saïed.
Comme si nous ne savions pas où mènent les démocraties transportées par les chars américains en Irak, en Afghanistan et en Syrie et destructrices de toutes formes de civilisation ou encore celles conduites par les esclaves des temps modernes au service des intérêts US tel Radhouane Masmoudi ; un prétendu Tunisien, fervent défenseur de l’islam politique aux Etats-Unis et qui devrait être jugé pour haute trahison tant son aveuglement idéologique lui a fait oublier son devoir envers sa patrie. Jamais nous n’oublierons ses appels répétitifs pour que les Etats-Unis n’envoient pas de vaccins en Tunisie ne se souciant pas des milliers de décès dus à la Covid-19 dans notre pays.
Chris Murphy serait proche de Masmoudi. Il a peut-être été induit en erreur par la campagne « d’enrôlement dans la cause islamiste » menée par le cabinet de lobbying payé par les islamistes, à prix d’or alors que les caisses de l’Etat tunisien sont vides, pour atteindre des acteurs américains influents et amener les médias à dénoncer la décision de Kaïs Saïed, président de la République, d’écarter les frères musulmans du pouvoir.
Ceci dit, devons-nous croire que le premier souci de Murphy est la démocratie en Tunisie ? Il serait plus logique de voir en cette préoccupation profonde la détermination US de préserver leurs intérêts dans notre région. Intérêts protégés par les islamistes mercenaires lesquels, outre d’être une menace pour leur propre pays, constituent une menace de taille pour son voisin le plus proche : l’Algérie, un des rares pays rejetant la mainmise américaine sur sa politique internationale, front de résistance à la normalisation des relations avec l’Etat hébreux.
Le site algérien Press TV l’a expliqué dans un article paru dernièrement : « Les Américains, grâce aux Frères musulmans, ont fait signer à la Tunisie un accord militaire de dix ans, avec en toile de fond la présence quasi permanente de conseillers militaires américains dans le pays. Ils visent sa transformation de facto en une base aérienne et d’espionnage à l’adresse de l’Algérie. Et ce sur fond d’une normalisation forcée et à coup des manifs anti-État à répétition et d’un blocus de facto, soit au nom d’une dette envers le FMI qui exige des “réformes”, soit en refusant de livrer au pays une assistance médicale promise. Les Américains ont-ils été pris de court par l’opération Kaïs Saïed du 25 juillet ? Évidemment, le coup de fil de Blinken, le secrétaire d’Etat américain prodiguant au juriste Saïed des leçons de respect de la Constitution et de la démocratie, a tout son sens. Tout comme cette panique quasi frénétique du Sultan (Erdogan) qui crie à la mort de la démocratie, pensant sans doute à ces gains “énergétiques” qu’il risque de perdre en Libye et en Tunisie, si d’aventure Saïed et l’armée tunisienne décidaient de ne plus jouer le jeu ».
Les experts qui connaissent bien la politique étrangères US s’accordent à dire que si les States perdent la Tunisie, ils perdront d’avance toute la partie géostratégique dans le monde contre l’axe Russie/Chine. Et c’est leur première préoccupation.
Fin de non-recevoir de la LTDH et de l’UGTT
Murphy croit-il que nous croyions en ses hautes valeurs humanitaires s’inquiétant de la survie de la démocratie en Tunisie ? Et Abu Ghraib ? Et Guantanamo ? Et le « Patriot Act » de G. Busch, soit la plus grande menace contre les libertés au monde, pourquoi il ne s’en inquiète pas ?
Chris Murphy devrait tirer l’enseignement de la fin de non-recevoir exprimée aussi bien par la LTDH que par l’UGTT. Soit deux organisations soucieuses de la préservation des droits de l’Homme et des acquis démocratiques de la Tunisie, elles se montrent là plus soucieuses de la souveraineté nationale.
Du coup, il peut être déçu autant qu’il veut par la reconduction de la suspension du Parlement et la non désignation d’un chef de gouvernement, les Tunisiens, eux, ont, à ce jour, la liberté de critiquer les décisions de leur président et sont décidés à réagir au moindre écart, et ce sans recevoir d’ordre de personne, en citoyens responsables amoureux de leur pays et de son bien-être.
Dans l’attente, M. Murphy devrait peut-être lire et s’instruire plus sur les dégâts des frères musulmans représentés par Ennahdha dans notre pays. Une secte qui justifie toutes les violences du monde par le djihad et qui dissimule son terrorisme par la quête démocratique.
Le drame pour les dirigeants politiques américains, au-delà de leur abnégation dans la préservation des intérêts de leur pays, quel que soit le prix en vies humaines ou matérielles (des pays ont été détruits et leurs civilisations effacées), est qu’ils sont tellement dans le mépris des autres qu’ils ne prennent même pas la peine de les connaître réellement. Ils ont beau être les meilleurs profilers au monde, ils n’ont jamais fait l’effort de saisir les structures mentales de peuples tels que nous.
Leur suprématie et leur puissance économique les rendent arrogants et les empêchent de voir la réalité des choses et des Hommes.
Nos esprits, notre héritage culturel, nos gènes rejettent l’islam politique, notre première Constitution date de 1861 et ne nous a pas été dictée par les Etats-Unis d’Amérique, à l’époque respectueux de la souveraineté des autres peuples.
Donc aujourd’hui, si cela peut rassurer nos amis américains, la Tunisie ne deviendra pas une dictature à la Pinochet ! Qu’ils ne s’inquiètent donc pas pour nous, car le jour où nous-mêmes verrons le virage, nous réagirons en citoyens amoureux de liberté et d’égalité.
En Tunisie, le mur de la peur est tombé et malgré l’état de confusion extrême que traverse le pays, nous finirons par trouver le chemin du salut.
Amel Belhadj Ali