Plusieurs indices et déclarations ont fait état de graves événements auxquels la Tunisie a pu échapper, ces dernières semaines, et dont le président Kaïs Saïed aurait pu être la principale victime.
Abou SARRA
A l’exception du chef de l’Etat qui a évoqué, de manière claire, un plan d’assassinat qui serait ourdi par ses opposants dont les islamistes, les personnalités tunisiennes et étrangères et nationales qui en ont parlé vaguement sont restées dans le tendanciel.
Les indices
La première information sur «ces graves événements» est fournie par le chef de l’Etat, Kaïs Saïed. En effet, présidant le 20 août 2021 une cérémonie de signature de la convention de distribution des aides sociales en faveur des familles démunies, il a déclaré être au courant des plans d’assassinat le visant. « Je suis au courant de ce qu’ils (ses opposants, NDLR) manigancent. Je leur dis que je n’ai peur que de Dieu malgré leurs tentatives misérables. Ils pensent aux meurtres et aux assassinats ».
Il a fallu le 20 août 2021, c’est-à-dire après avoir concentré tous les pouvoirs par l’effet de l’activation, le 25 juillet 2021, de l’article 80 de la Constitution qu’il a osé désigner les islamistes qui n’auraient, selon lui, aucun rapport avec l’islam.
Le même jour, sur les ondes de la radio privée Jawhara FM, Mokhtar Ben Naceur, colonel à la retraite et ex-président du Comité national de lutte contre le terrorisme, indique que « la Tunisie était sur le point de connaître, avant le 25 juillet, un grave événement ». Il s’est abstenu de dire plus sur cette question renvoyant à la présidence de la République la responsabilité d’éclairer un jour l’opinion publique sur cette affaire.
Dix jours auparavant, plus exactement le 9 août 2021, s’exprimant au cours du point de presse périodique avec les représentants des médias algériens, le président Abdelmajid Tebboune a révélé que lors de la communication téléphonique qu’il a eue avec le chef de l’Etat tunisien, après le 25 juillet 2021, son frère Kaïs Saïed l’a informé de choses graves qu’il ne peut révéler.
L’obsession du complot ne date pas d’aujourd’hui
Par-delà ces indices, il faut reconnaître que trois mois après son accès à la magistrature suprême, Kaïs Saïed s’est toujours dit “menacé“.
Ainsi, lors de sa visite en 2019, à Sidi Bouzid, pour célébrer le 9ème anniversaire du soulèvement populaire du 17 décembre 2010, il avait fait une déclaration devenue depuis célèbre, en l’occurrence « la volonté du peuple et ses revendications vont être exaucées, en dépit des manœuvres des conspirateurs et des complots ourdis dans les chambres sombres ».
Depuis, les discours du chef de l’Etat traitent constamment de menaces et de projets de complots mais sans jamais désigner quelle partie il vise.
Dans un discours prononcé le 15 juin 2021, au cours d’une réunion axée sur l’organisation du dialogue national et groupant d’anciens chefs du gouvernement (Hichem Mechichi en exercice à l’époque, Ali Laarayedh, Elyes Fakhfakh et Youssef Chahed), le chef de l’Etat avait déjà insinué qu’une tentative d’assassinat aurait été tramée par une personne qui serait partie à l’étranger et aurait planifié son éviction par tous les moyens, y compris en l’assassinant.
« Le dialogue ne peut être abordé de la même manière que les anciens dialogues. Les vrais patriotes n’organisent pas de réunions à l’étranger en vue de trouver un moyen pour écarter le président de la République même en l’assassinant », avait-il estimé.
Suite à cette déclaration, le ministère public avait alors décidé d’ouvrir une enquête sur ces propos du président de la République, faisant état d’une tentative d’assassinat dont il serait la cible, et ce en application de l’article 23 du code des procédures pénales.
Après le limogeage, suite aux événements du 25 juillet 2021, de la ministre de la Justice par intérim, Hasna Ben Slimen, qui avait autorisé le procureur de la République près de la cour d’appel de Tunis à entamer les recherches sur le sujet, on ne sait toujours pas où en est l’enquête.
Affaire à suivre…