Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a accordé une interview au journal italien Corriere Della Sera où il a affirmé que nous risquons de nous retrouver dans le chaos, le terrorisme peut attaquer le pays.
« Nous sommes tous dans le même bateau. Nous, Tunisiens, l’Europe, en particulier vous, Italiens. Si la démocratie n’est pas rétablie en Tunisie dès que possible, nous sombrerons rapidement dans le chaos. Le terrorisme peut se développer, la déstabilisation poussera les gens à partir, de toute façon. Plus de 500 000 migrants tunisiens pourraient tenter d’atteindre les côtes italiennes très rapidement. » telle était la déclaration de Rached Ghannouchi, 80 ans, chef du parti islamique Ennahdha.
Ce parti politique est aujourd’hui au cœur d’une tempête politique déclenchée dimanche dernier par le président Kais Saied avec le gel du parlement et la démission du chef du gouvernement Hichem Mechichi.
A peine sorti de l’hôpital après avoir attrapé la Covid-19, Ghannouchi a accueilli à son bureau, durant 40 minutes, l’équipe du journal italien.
« Nous résisterons par tous les moyens pacifiques et légaux. Nous nous battrons pour le retour de la démocratie. Il doit comprendre que le parlement doit revenir au centre des mécanismes décisionnels de l’État. »
Depuis les annonces faites par le président de la République, concernant l’activation de l’article 80 de la Constitution, Rached Ghannouchi n’a pas été en contact avec le chef de l’Etat mais il affirme tenter de le contacter afin de sortir de l’impasse qui sera résolu par le dialogue.
Rached Ghannouchi a indiqué que la nomination d’un nouveau chef de gouvernement doit passer par le parlement. Il n’y a pas d’autres moyens pour former un gouvernement sans qu’il obtienne l’approbation du parlement.
Ghannouchi se défend contre les accusations de la crise économique et de la crise sanitaire. Il explique que l’ancien chef du gouvernement, Hichem Mechichi, était nommé par Kais Saïed lui-même ajoutant qu’Ennahdha a décidé de le soutenir sans avoir une quelconque responsabilité dans la crise économique et sanitaire qui secoue le pays.
Lors de son entretien, Ghannouchi ne nie pas la colère des Tunisiens face à la précarité et la chômage mais il accuse les réseaux sociaux d’alimenter la colère des citoyens qui sont manipulés, selon ses dires.
Il prend l’exemple de la Grande-Bretagne avec le Brexit ou encore Moscou qui aurait joué un grand rôle dans la désinformation pour permettre à Trump de gagner les élections présidentielles face à Hilary Clinton.
En ce qui concerne Saïed, il se serait imposé à travers son populisme et en exploitant le mécontentement des citoyens.
Selon Ghannouchi, Ennahdha n’a pris le pouvoir que deux ans (2012-2013) depuis la révolution du 14 Janvier 2011.
Durant cette période, Ennahdha aurait participé à l’augmentation de la croissance économique de 3% et nous serions aujourd’hui à -8% soit une baisse de 11 points, toujours selon ses dires.
Ghannouchi rassure que la popularité de son parti politique n’a pas chuté. Il a rappelé que le 27 février 2021, plus de 200 000 personnes ont répondu à son appel pour soutenir Ennahdha.
En ce qui concerne la sécurité et les problèmes de violences, Rached Ghannouchi a affirmé que la France et l’Italie seront les premiers pays touchés par les pratiques dictatoriales à cause des flux croissants de bateaux de migration clandestine.