Nos pseudo-intellos, quand ils s’avisent de mettre en exergue leur “vaste” culture, ont constamment tendance à citer un écrivain allemand, brésilien, argentin ou américain. Jamais un Africain, un Arabe ou un Maghrébin.
Ils en parlent avec un bonheur si patent que s’ils étaient eux-mêmes allemands, argentins, etc.
Cette reconnaissance inconditionnelle de l’autre qui contraste ignominieusement avec le mépris de soi est en fin de compte une forme d’esclavage, celui de l’esprit. Bien sûr, on peut être grand admirateur d’un talent étranger, mais quand c’est régulièrement au détriment de ses concitoyens, cela devient négation de soi, comme qui serait fier du voisin beaucoup plus que de son propre père.
Faut-il rappeler le Nigérian Soyinka, Nobel 1986 ? Et N. Maffoudh, 1988 ?
Faut-il rappeler le grand, l’immense Rachid Boudjedra à la cheville duquel même Yasmina Khadra n’est pas arrivée ?
Côté tunisien, est-il nécessaire de rappeler notre grande Hélé Béji, la talentueuse Olfa Youssef, la non moins importante Alya Baccar, notre grand Taoufik Baccar, le Pr. Choukri Mabkhout, lauréat du Booker, le poète Moncef Louhaibi, primé à deux reprises à l’étranger, sans oublier – eh comment ! Mahmoud Messaadi ?
Et je cite avec plaisir Hassanine Ben Ammou, ainsi que Hassouna Mosbahi. Eh bien, toute cette pléiade ne vaut rien manifestement aux yeux de nos pseudo-intellos.
Je comprends qu’on veuille être ouvert à l’étranger, mais je ne comprends pas qu’on puisse être hermétiquement fermé à ses propres concitoyens.
Petite précision : tous les essais de Hélé Béji sont édités par… Gallimard.
Admirez vos Brésiliens…